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L'Europe au prix de l'humain

Publié le 15 juillet 2011 par Edgar @edgarpoe

"Là où des nations égales en droit fusionnent de plein gré pour former une communauté plus vaste, les hommes peuvent préserver leur terre natale en cultivant un certain particularisme régional et linguistique, sans plus avoir besoin d'une patrie qui prenne la forme d'un Etat.

Leur patrie sera plus grande : une petite Europe demain, une grande Europe après-demain et puis le monde dans un avenir qu'il n'est pas encore possible d'appréhender, mais qui se rapproche très certainement à grands pas.

Je tiens à émettre quelques doutes. D'un côté, je crois avoir fait une expérience suffisamment longue de ce que j'avancerai pour affirmer avec certitude que le pays natal cesse d'être ressenti comme tel dès qu'il cesse d'être aussi une patrie. Lorsque le 12 mars 1938 mon pays perdit son indépendance nationale et fut rattaché au Reich pangermaniste, il me devint totalement étranger. [...]

D'autre part, la patrie élargie perd sa qualité de patrie réelle quand  elle déborde beaucoup trop d'un certain espace  qu'il est encore possible de ressentir comme une terre natale. Elle se change en Empire, bourre la tête de ses citoyens de conscience impérialiste et chauffe à blanc son nationalisme de grande puissance, exactement comme le font l'Union soviétique et les Etats-Unis."

Jean Améry, Par-delà le crime et le châtiment. Essai pour surmonter l'insurmontable.

 C'est écrit en 1966. Nous y sommes.


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