Les Primaires ne sont pas un Congrès du PS

Publié le 14 juillet 2011 par Ncadene

Chers amis, Chères amies,

Une petite musique revient en sourdine. Le retour d’un vocabulaire bien connu : les compromis, les « équilibres », les dosages de courants, les listes de soutiens et les organigrammes… Ne nous trompons pas. Ne reprenons pas aux citoyens l’incroyable avancée démocratique que constitue le processus des primaires : celle du libre choix de la candidate ou du candidat qui portera les idées socialistes à l’élection présidentielle.

Les primaires ne sont pas un Congrès du Parti. Ce n’est pas une bataille. C’est la prise de responsabilité pour que nous puissions désigner le meilleur ou la meilleure d’entre nous, et surtout mettre en place les conditions du rassemblement après les primaires pour que le combat que nous avons à mener autour d’un projet de société crédible puisse convaincre une majorité de Français et aussi les enthousiasmer, les soulever, leur redonner un espoir, parce que je crois qu’il y a énormément de souffrance dans notre pays, et en même temps une répartition des richesses tellement injuste, et donc des solutions, je pense, crédibles.

Attention à ne pas filer trop longtemps la métaphore sportive pour les primaires. Démonstrations de force, équipes de campagnes à grands renforts de soutiens de « poids », je veux juste rappeler qu’il ne faut pas perdre de vue que tous les candidats socialistes sont dans la même équipe.

Les soutiens ne doivent pas se transformer en machines de guerre. Il faut parler à tout le monde. Chaque candidat doit pouvoir se présenter devant les Français, qui doivent avoir la liberté de choisir les idées et la personnalité qu’ils jugent la mieux à même de les porter, pas l’inverse. Ce n’est pas parce que les soutiens sont nombreux que les Français voteront massivement pour un candidat ou un autre. L’esprit des primaires c’est justement l’inverse. C’est parce que le candidat aura rassemblé les suffrages de la majorité des électeurs des primaires qu’il pourra faire le rassemblement.

Il ne faut pas se tromper d’adversaire. Ni de calendrier.Au risque de rendre le rassemblement difficile et artificiel par la suite. L’heure aujourd’hui n’est pas au combat. Le combat, ce sera la campagne présidentielle. Tous ensemble. Contre la droite. Et contre l’extrême-droite.

La société est aujourd’hui parcourue de rapports de force violents entre ceux qui ont déjà tout et à qui la droite donne encore des privilèges et ceux qui ont perdu et qui ont peur de perdre encore.

Je le dis depuis longtemps : je ne suis pas candidate aux primaires pour vaincre, mais pour convaincre.

Avec mon équipe, je suis allée à la rencontre des Français pendant 4 ans. J’ai effectué plus de 100 déplacements en France et plus de 30 déplacements à l’étranger. J’ai aussi organisé depuis 2009 des universités populaires et participatives parce que la crise globale que nous traversons nous impose de penser le monde que nous voulons et d’inventer l’avenir, parce que le partage des savoirs est un devoir, parce que tous les regards et toutes les réflexions seront utiles pour proposer une alternative politique, pragmatique et radicale.

L’avenir de l’éducation, l’alimentation,  la révolution fiscale, la justice, la crise de l’euro, la politique étrangère de la France, la politique de civilisation ou encore la valeur travail.

Au total, 19 universités populaires et participatives au niveau national et plus d’une centaine d’universités et de débats dans les territoires ont permis de faire émerger les questions essentielles que se posent les Français et m’ont permis de construire des propositions crédibles et structurées.

J’ai rencontré plus de 70 experts lors de ces conférences. Dans tous les secteurs. J’ai recueilli leurs avis. Je les ai consultés.

Mais les intellectuels ne doivent pas être pris en otage par des logiques partisanes. Surtout au stade des primaires. Et l’idée socialiste ne doit pas être morcelée.

Prenons garde. Les primaires ce n’est pas encore l’heure de choisir un camp plutôt qu’un autre. Les primaires, ce n’est pas le retour à une logique clanique. Plutôt que les soutiens des uns ou des autres, ce sont les débats entre les candidats qui devront être médiatisés. Les primaires doivent se faire sur le terrain des idées. Sur le terrain des propositions. Dans le respect de chacun. Mon équipe de campagne c’est celle mise en place depuis quatre ans qui au fil des années s’est enrichie de tous ceux qui sont venus réfléchir et travailler pour trouver des solutions. C’est la force citoyenne.

Ségolène Royal

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