“LA CRUCHE CASSEE” n’est pas un roman, comme il est signalé par l’éditeur sur la page de garde.
Hayat EL YAMANI entreprend plutôt dans cet ouvrage, paru en 2011 chez les Editions Anne Carrière, le récit de cinq jours qui ont suivi l’enterrement de Yemma, l’aïeule vénérée, décédée à Bhalil, “petit village juché à flanc de colline entre Sefrou qui joue la grande soeur dédaigneuse , et Fes, portée par sa double réputation mythique et mystique”.
L’auteur, ingénieur de formation, nous décrit avec une précision quasi scientifique les différentes péripéties qui ont marqué ces cinq jours de deuil d’une famille marocaine : tout y passe les rituels, les attitudes, les conflits occultes ou flagrants, les tensions, la douleur, les comportements, les rêves, les frustrations.
Le tout est enveloppé dans une langue simple, directe sans forfaiture ni grandiloquence, avec juste assez d’émotion pour que l’on sente le respect immense de la famille, hommes et femmes, envers la défunte aux cent dix sept descendants.
Cet ouvrage aurait pu donné lieu à des lamentations sans fin, à des descriptions pseudo-réalistes de la société marocaine ou des considérations vaguement intellectuelles sur la condition de la femme chez nous : il se contente d’être le récit sobre et digne du deuil qui frappe une famille nombreuse et diverse dans ses composantes.
Il convient de saluer la retenue qui se dégage de cet ouvrage dont le titre est une référence à ce vieux conte marocain où une femme seule raconte ses heurs et malheurs à une cruche qu’elle cassa, sentant sa mort approcher.
A lire pour se réconcilier avec la littérature marocaine de langue française!