Titre : La Fabrique, T1 : Le Créateur Destructeur
Scénario : Peb
Dessinateur : Fox
Parution : Juillet 2009
« La Fabrique » est une bande-dessinée traitant d’une entreprise industrielle. Centrée sur le PDG, elle montre les rapports de force entre le patronat et les employés, le tout avec une forte dose d’absurde. Le thème est déjà fortement traité dans la BD, que ce soit avec « Dilbert », « Dans mon open-space » ou « Les lapins de bureau ».
C’est de ce dernier que « La Fabrique » se rapproche le plus, notamment graphiquement. En faisant un monde plein de souris à peine différenciées, les auteurs ont la volonté de supprimer l’individualité de l’être. Seul le patron est gris (les autres sont marrons) et ses lunettes, qui cachent ses yeux, le rendent évidemment froid et insensible. Le fait qu’il soit guidé par un objet ridicule (son éminence grise est un chien qui bouge la tête que l’on met dans les voitures), n’arrange évidemment rien.
Chaque planche fait une page et amène à une chute. Hélas, il manque une cohérence dans le tout. Des fils rouges, des mini-histoires qui apporteraient un plus dans la lecture. Malgré le grand organigramme présenté au départ et qui semble regorger de personnages intéressants et exploitables (dans tous les sens du terme !), il n’y a pas vraiment d’univers qui se crée. Outre le fait que certains personnages n’apparaissent qu’une ou deux fois, ils n’interagissent pas entre eux, mais uniquement avec le PDG.
Le propos n’est pas foncièrement original : les employés travaillent finalement dans réel but. Ils sont esclaves de leur patron et celui-ci vire tout le monde pour un oui ou pour un non. Mais il manque avant tout un contre-pouvoir dans cette histoire. Un personnage capable de remettre en doute son patron (même si ce n’est qu’à la machine à café). Il existe apparemment un héros, Trognon, mais qui n’a pas de réelle substance. Le héros est donc bien le PDG.
L’humour se veut avant tout absurde. En créant une entreprise vide de sens, les auteurs espèrent amener une impression d’absurdité. Hélas, ce n’est pas vraiment le cas. Entre les blagues déjà lues et celles qui sont un peu forcées, on rit peu. La lecture va très vite sans que l’on s’attache vraiment à l’univers. Et pourtant, qui sait qu’il y a de quoi faire sur ce genre de sujet !
De même, la plupart des BDs de ce type sont faites de strips ce qui fait qu'il y en a une grande quantité dans un ouvrage (souvent près d'une centaine). Si bien qu'on l'impression de lire très vite cette BD et de rester un peu sur sa faim. Surtout que les dialogues ne sont pas si nombreux, faits avant tout de phrases très courtes. Résultat, les dialogues ne sont pas vraiment truculents.
Le dessin est très simple, tout en ronds. Comme la colorisation l’est tout autant (aplats simple sans ombre), ça donne un aspect un peu brut. Un peu plus d’inspiration n’aurait pas fait de mal car le tout est finalement très statique. Ce n’est pas forcément une gêne à la lecture mais c’est loin d’être un point positif.
Au final, je n’ai pas du tout été séduit par cette BD. Sur un sujet riche mais déjà traité, « La Fabrique » peine à sortir du lot, la faute à un véritable manque d’identité, tant dans le dessin que dans les textes. Mieux exploiter les personnages paraît réellement comme une étape essentielle pour relever le niveau. A vouloir trop dépersonnaliser l’ensemble, les auteurs ont rendu leur ouvrage complètement froid. Dommage.
par Belzaran
Note : 7/20