Baisse de moitié du nombre de spermatozoïdes, augmentation des malformations génitales masculines, baisse de fécondabilité chez la Femme. Des tendances qui, si les liens ne sont pas démontrés avec les perturbateurs endocriniens doivent inciter au principe de précaution. C'est ce que défend le parlementaire Gilbert Barbier, dans son récent rapport, désormais approuvé par l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST). Perturbateurs endocriniens, le temps de la précaution est venu mais aussi celui du savoir et de l'interdiction.
Ce rapport rappelle que les inquiétudes relatives aux perturbateurs endocriniens proviennent de l'augmentation importante et non encore expliquée de maladies liées au système hormonal comme certains cancers ou des problèmes de fertilité. En France, l'incidence du cancer du sein a doublé depuis 1980, tout comme le cancer du testicule dans les pays développés. Les pathologies génitales masculines, dont le cancer du testicule, mais aussi la cryptorchidie (non descente d'un ou des deux testicules) ou encore l'hypospadias ( malformation de l'urètre) sont en très forte progression. L'obésité même, souligne le rapport aurait une composante environnementale, liées à certains perturbateurs comme le Distilbène et le Bisphénol A. Enfin, l'hypothèse d'un déclin spermatique est aujourd'hui admise. Chez la femme, c'est l'âge de la puberté qui évolue et s'abaisse de 0,18 an en France et on constate globalement une baisse de 15 % de la fécondabilité qui pourrait entraîner une augmentation de près de 70 % du nombre des couples susceptibles de recourir à une AMP.
Le lien de causalité entre ces maladies et l'action de substances perturbant le système endocrinien est crédible, selon les données scientifiques, même s'il n'est pas clairement démontré. Même si les scientifiques estiment peu probable que des facteurs génétiques expliquent à eux seuls ces évolutions compte tenu de leur rapidité et considèrent l'hypothèse de la responsabilité des facteurs chimiques comme la plus étayée et la plus sérieuse, d'autres facteurs environnementaux interviennent également, comme la chaleur, les rayonnements ou la lumière. Des facteurs psychosociaux sont également en cause comme le stress, le sport, le tabac, l'alcool. Enfin, la nutrition et l'obésité ont un impact direct sur la fertilité. Les facteurs environnementaux sont en cause, dans leur globalité et, selon le rapport, les données sont suffisantes pour agir dès maintenant afin de protéger les populations les plus vulnérables, tout particulièrement les bébés et les femmes enceintes.
Quid des mécanismes d'action à faible dose, en mélange ou à des moments précis de la vie et quant aux différentes molécules impliquées? Ces notions remettent en cause le concept de DJA. Quel effet à une dose très faible? A la suite d'une exposition faible mais chronique ? Les effets peuvent-ils être paradoxaux, c'est-à-dire forts à faible dose mais faibles ou nuls à forte dose? Car certains experts affirment que les perturbateurs pourraient agir à de très faibles doses voire même qu'ils pourraient agir par simple présence, voir même se combiner pour provoquer des effets cocktail.
Des propositions à mettre en oeuvre sans tarder:
- renforcer l'effort de recherche et de détection, en particulier au niveau européen. En France, un large programme mené par les différentes institutions sanitaires (InVS, Inserm et Anses) doit procéder à l'évaluation des risques liés à 13 substances dont le BPA d'ici fin 2011. 20 substances supplémentaires seront évaluées d'ici à la fin 2012.
- mieux informer les consommateurs par un pictogramme pour éviter l'exposition aux femmes enceintes ou allaitantes, aux enfants. L'Inpes est actuellement chargé d'élaborer ce logo et de le faire connaître.
- interdire au niveau européen la présence de perturbateurs endocriniens dans les produits spécifiquement destinés à ces publics plus sensibles. L'adoption de tests reconnus est aujourd'hui essentiel pour permettre à l'Europe de mesurer les enjeux en cause et lui donner l'urgence de faire évoluer sa législation.
Source: Sénat- Rapport présenté par le sénateur Gilbert Barbier (RDSE, Jura) intitulé Les perturbateurs endocriniens, le temps de la précaution.
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