Un livre plein de paradoxes : à la fort doux (écriture poétique) et brutal (par les thèmes qu’il aborde). Plein d’espoir et désespéré. Incandescent.
L’auteur
Lola Lafon est née en France en 1975 d’une mère biélorusse, elle a grandi à Sofia (Bulgarie) puis à Bucarest (Roumanie). Après avoir été danseuse, elle est aujourd’hui chanteuse et écrivain. Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce est son 3ème roman.
J’ai déjà lu et énormément aimé son précédent roman De ça je me console.
Le roman
Un livre qui nous parle d’un pays imaginaire après « l’Election ». Un pays qui ressemble aussi à la France si l’élection de 2002 avait mené au pire (toujours à craindre soit dit en passant).
La narratrice nous parle ici de son histoire (de femme violée), mais aussi d’Emil(ienne), sa « presque soeur ». Alors que celle-ci est plongée dans le coma au début du roman, la narratrice lui raconte dans une sorte de journal les jours qu’elle a raté. Pendant ces quelques jours, elle rencontre une autre jeune femme, « la petite fille au bout du chemin », mal dans sa peau. On va les suivre pendant ces jours entre Paris, une île-refuge pour la narratrice et quelques errances, alors que la révolte et les émeutes grondent dans Paris et que le feu prend.
Ce que j’en ai pensé
L’auteur nous parle ici de révolte, de viol, d’activisme politique, de danse, de liberté, d’insurrection, de dépression, de folie, de féminisme. On y croise 3 figures féminines différentes et complémentaires. Toutes très touchantes et attachantes dans leurs luttes.
La Folle. La Morte. La Taularde. Les trois dégueulasses. Les filles de rien du tout. L’Elfe raté. La Tarée. La Revenante. Les Petites Filles Au Bout Du Chemin.
Beaucoup de thèmes mêlés dans ce texte puissant et politique. Ce que j’en retiens surtout, c’est la parole qu’elle donne aux femmes violées. La culpabilité qui les ronge, les mensonges dont on les accuse. Tout cela fait résonance encore et toujours.
Dans ce livre, Lola Lafon nous parle aussi d’elle, avec beaucoup de réflexions sur et autour de la danse.
Mais ce livre nous parle aussi et surtout de résistance. Résistons, ne baissons jamais la garde.
Un texte qui mêle des textes d’autres, notamment Voltairine de Cleyre, féministe américaine née en 1866 (le titre est d’ailleurs d’elle). Et également les textes écrits par La petite fille au bout du chemin. Tout comme Liligalipette, j’ai littéralement été « happée » par l’écriture de Lola Lafon, qui ne nous lâche pas. Elle en parle d’ailleurs très bien (et bien mieux que moi) dans son billet. Une auteur à suivre de très près.Un grand merci aux éditions Flammarion pour l’envoi de ce roman.
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Lola Lafon parle ici de ses 2 précédents romans