Le rouge des gros vins bleus,
la blancheur de mon âme,
Je chante les moissons de la République
sur la tête des enfants sages
le soir du quatorze juillet.
Et l'ivresse de fraternité des hommes dans les rues,
aux carrefours des rêves de la jeunesse
et des soupirs de l'âge,
au rendez-vous de la mémoire et des promesses,
dans le reverdissement de l'espoir par la danse.
C'est le triomphe de la tendresse,
l'artifice qui va ranimer,
devant, derrière, les journées grises.
Viens, toi que j'aurai tant aimée,
plus tard. . . quand je t'aurai ourdie
de tant de moires et de rages,
tant qu'enfin je t'ai rendue telle :
en pouvoir de rompre mon coeur. . .
O mon silence armé d'orage,
aujourd'hui tu es cri gentil
de rencontre avec l'aventure !
C'est le jour de fête de la Liberté.
Nous avions oublié la vieille mère
dont les anciens ont planté les arbres.
Il est des morts vaincus qu'il faut précipiter
encore un coup du haut des tours en pierre.
Il est des assauts qu'il faut toujours reprendre.
Il est des chants qu'il faut chanter en choeur,
des feuillages à brandir et des drapeaux
pour ne pas perdre le droit des arbres
de frémir au vent.
Nous allons en cortège comme une noce solennelle.
Nous portons le feu débonnaire des lampions.
Soumis à notre humble honneur, le geste gauche.
Les bals entrent dans la troupe et les accordéons.
Le génie de la Bastille a sauté parmi nous.
Il chante dans la foule, sa voix mâle nous emplit.
Au Faubourg s'est gonflé le levain de Paris.
Dans la pâte, nous trouverons des guirlandes de verdure,
quand nous défournerons le pain de la justice. . .
C'est aujourd'hui ! Nous le partagerons en un banquet,
sur de hautes tables avec des litres.
Le monde est en liesse, buvons et croyons !
Je bois à la joie du peuple, au droit de l'homme
de croire à la joie au moins une fois l'an.
À l'iris tricolore de l'oeil apparaissant
entre les grandes paupières de l'angoisse.
À la douceur précaire, à l'illusion de l'amour.
**********************************************