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A Toi, mon fils .
Nos larmes roulaient dans le caniveau d’un midi torride
Tu rêvais me battre de n’avoir pas entendu ta longue plainte
Du moins le croyais-tu
.
Tu criais ta rage de n’avoir pas choisi de vivre
Ta volonté farouche de ne pas être de ce monde
Tu serrais tes petits poings sur le sentier de l’école
Sous un soleil de plomb nos pleurs séchaient sitôt émis
*
Que de raison de douter
Mon fils
Mon âme
Mon ultime soupir
.
Que de raisons de ne pas vouloir être du voyage
Quand faux s’inscrivent les propos au regard de la vie
.
Mon œil qui ne peut rien voir sans entrer comme par effraction
Au plus intime de l’être et des ruisseaux de ce temps
Mon œil qui pleure si souvent en dedans
Devant le massacre délibéré de toutes beautés
Et ma bouche marmonnait un bonjour courtois et faux
Répondant au sourire d’un ami de passage
.
Mon pas ne fut jamais si lourd qu’en cette heure précise
Où tu levas ton petit poing dans l’azur implacable
Ma révolte ne fut jamais plus profonde qu’à t’entendre m’accuser de t’avoir fait vivant
*
Je repartais seul
Car nous sommes toujours seuls devant la détresse
Rien ne peut effacer l’orage et la dévastation
.
Ne reste que cicatrice sur mon front
Où tes doigts errent
Cherchant à lire l’illisible
*
Plus que cri déchirant à lancer
A la gueule des indifférents
Des veules et des cupides
Plus que pavés à lancer dans la mare des mensonges
Des crimes et des assassinats
.
Que vaut un monde devant la détresse d’un enfant
Que vaut ma peine et ma vie devant ses refus obstinés
Tellement vrais
Tellement justes
*
Plus que cri
Nous ne pouvons être que cri
.
Manosque, 11 juin 2011
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