C’est toujours la même chose. Des mois à l’avance, je guette les miettes d’informations que je peux glaner sur les festivals et manifestations que j’aime fréquenter, je scrute régulièrement les annonces de programmation, je m’enthousiasme lorsque les films projetés sont nommés, je me mets à préparer mon agenda personnel de l’évènement… Et au final, le temps file à toute allure et avant que j’aie eu le temps de dire « ouf », c’en est fini sans que j’aie pu voir la moitié des films que je convoitais. Il y a quelques semaines, la reprise des films de Cannes s’était même soldée par un échec cuisant (Un seul film vu !!!).
Voilà, Paris Cinéma vient de s’achever, et alors que mon programme perso prévisionnel affichait une bonne douzaine de films, je n’en aurai finalement vu… que trois. Trois petits films pour un festival aussi dense et riche, c’est plutôt frustrant. Au moins ai-je pu faire dans la diversité en finissant par Cronos, présenté dans le cadre de la mise en avant du cinéma mexicain, après avoir goûté aux accents 70’s philippins de Cleopatra Wong et à la compétition façon japonaise de Hospitalité. L’honneur est sauf (on se console comme on peu...). D’autant qu’avec ce dernier film, j’en aurai profité pour rattraper cette lacune dans ma connaissance de la filmographie de Guillermo Del Toro, aujourd’hui cinéaste incontournable mais qui faisait alors, au début des années 90, ses premiers pas dans le long-métrage.
Depuis le temps que Cronos m’intriguait, cette occasion-là, au moins, ne m’a pas échappée. Si j’ai découvert le cinéaste mexicain avec Blade II, j’ai appris à aimer son cinéma avec L’échine du Diable, Le labyrinthe de Pan et les deux Hellboy. Des films dans lesquels Del Toro a fait montre d’un talent fascinant de conteur, n’ayant pas son pareil pour créer des univers fantastiques et fantasmagoriques empreints d’une part de réalité et de mélancolie. Avec Cronos je suis revenu aux sources, avec un film qui déjà laissait transparaître toute la créativité de Del Toro, et ce mélange remarquable de douleur et de douceur.
Son film commence au 16ème siècle, lorsqu’un alchimiste met au point un objet qui serait capable de donner la vie éternelle à celui qui saurait s’en servir. A la fin du 20ème siècle, c’est un vieil antiquaire qui se trouve soudain en possession de ce fameux engin tenant dans une main. Alors qu’il l’utilise sans savoir ce qu’il a déclenché, un autre homme, mourant et cherchant à mettre la main dessus depuis des décennies, apprend que l’antiquaire possède le cronos, et va essayer de s’en emparer.
Il ne s’agit pas là d’un affrontement fait d’action. Le film est plutôt statique et presque vu à travers le regard d’une enfant, la petite fille de l’antiquaire s’inquiétant de voir son grand-père ne sachant que faire de cet objet, mais n’ayant pas non plus le courage de s’en séparer. Le grand-père est accro à cet objet lui volant de son sang, et le rendant au passage avide de ce liquide rouge qui coule dans les veines de ses congénères. Avant Blade II, Del Toro signait un film de vampire sans vampire, un conte où le temps, la vie et la mort s’entremêlent pour pointer du doigt le vilain défaut qu’est l’avidité. Déjà, Ron Perlman et Federico Luppi se baladaient devant la caméra de Del Toro. Déjà, l’enfance était confrontée à la peur. Déjà, Guillermo Del Toro racontait une histoire et tissait une oeuvre avec le talent de magicien qu’on lui connaît aujourd’hui.
J’aurais décidément aimé voir le réalisateur mexicain s’atteler à Bilbo le Hobbit comme il en a longtemps été question avant qu’il ne jette l’éponge et rende les rennes du projet à Peter Jackson. La maestria avec laquelle il créé des univers visuels forts et des bestiaires imaginaires fascinants en faisait un candidat excitant. Il se penchera finalement bientôt sur Pacific Rim, un film d’invasion extraterrestre qui devrait également lui permettre de nous faire frissonner, trembler et rêver.
Mais en attendant, j’ai un Étrange Festival qui se profile en septembre, et les premiers noms et titres évoqués au programme – encore officieux – me laissent pantois d’excitation. Hobo with a shotgun ? Sono Sion ? Super ? Chouette, je ferai bien attention à ne pas me frustrer en septembre…