Depuis 1974, la reine Mary nous offre un roman à suspense glamour mais dont les personnages sont très souvent fouillés et intéressants.
Si d’aucuns voient dans la Nuit du renard, un chef d’oeuvre, je pencherais plutôt pour La maison du guet et Nous n’irons plus au bois qui me paraissent les plus aboutis en termes de construction et de psychologie des personnages. J’ai aussi un gros faible pour Alvirah et Willy Meehan qui donnent beaucoup de chaleur et d’authenticité au dernier opus en date : Quand reviendras-tu ? Lequel ressemble beaucoup, beaucoup au très honorable Rien ne vaut la douceur du foyer.
Comme Celia Nolan, Zan Moreland est décoratrice d’intérieur, a perdu ses parents dans des circonstances tragiques, s’est mariée sur un coup de tête et a un petit garçon adorable et intelligent. Le suspense est ménagé et le rythme soutenu dans ce roman de bonne facture mais son thème central, l’usurpation d’identité n’a pas été assez exploité. Ce qui est dommage.
Le méchant de service est un crétin fini et ne fait pas honneur à sa profession quant au coupable… Je ne dirai rien mais les lecteurs frénétiques de Mary ne mettront pas longtemps à l’identifier. Si le plan est machiavélique à souhait, les motivations sont un peu faibles. J’ai envie de dire, tout ça pour ça. C’est mobiliser beaucoup de ressources et d’énergie pour des raisons vraiment obscures. On reste un peu sur notre faim.
Le meurtre dans le roman policier n’aurait-il plus la cote ? Zut ! Tout ça, c’est la faute des Experts, ils ont monopolisé les cadavres et la sanglante Mary devient petite joueuse et fait dans la tentative. Pff !
Mary n’a peut-être plus envie de tuer… Il reste que ce roman se laisse lire avec un bon verre de Chardonnay et des linguini aux coques, l’un des dîners préférés de ses héroïnes. Lesquelles ont un remède infaillible contre les insomnies et la déprime : elles sautent dans leur jacuzzi à 6h du matin.
On ne respecte plus rien, ma bonne dame !