Un véritable flop ! C'est ce que qu'affirment les organisations de consommateurs 3 mois après le lancement en fanfare du « panier des essentiels » de Frédéric Lefebvre. Alors, quid des « produits de qualité à un prix abordable pour tous »
« Pouvoir d'achat, le retour ! C'est le message que veut faire passer Frédéric Lefebvre en lançant avec les grandes surfaces un « panier des essentiels ». Problème : il s'agit d'un panier virtuel, sans réelle contrainte pour les distributeurs » Ecrivions nous le 6 avril dernier, date du lancement de l'opération par le : Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, chargé du Commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises, du Tourisme, des Services, des Professions libérales et de la Consommation.
Dubitatives, les associations de consommateurs qui n'avaient été invitées à participer à son élaboration craignaient : « que ce panier, qui ne comporte qu’une dizaine de produits, ne soit au contraire une manière de détourner l’attention des consommateurs des autres produits dont les prix, eux, augmentent de manière injustifiée »
Pour mémoire, ce panier devait comporter, selon le ministre : « (..) un minimum de dix produits, qui doivent compter au moins un produit de chacune des six familles alimentaires suivantes : viande, poisson, fruit, légume, fromage ou produit laitier, boisson. La majorité des produits présents dans le panier doit faire l'objet d'une variante chaque semaine (...) avec des offres à moins de vingt euros (...) »
Une remarque judicieuse de l'association Famille rurale pouvait néanmoins augurer de la réussite de l'opération : « (...) Les enseignes ne sont ainsi pas tenues de rassembler physiquement les produits. Les articles seront juste signalés dans les rayons par une étiquette dédiée (...) »
Or, hier, Frédéric Lefebvre faisait un bilan d'étape sur l'opération. On peut en prendre connaissance sur la page Facebook du ministre. Il a notamment annoncé que : « Le dispositif « Panier des essentiels » est prolongé pour un an par (...) »
Quel est son jugement sur ces premiers mois ?
« (...) Frédéric Lefebvre s’est félicité de son déploiement très satisfaisant dans 80% des hypermarchés, dont 100% dans les groupes intégrés et 60% chez les indépendants (...) le Ministre a constaté que les consommateurs souhaitaient une meilleure visibilité du « Panier des essentiels » en magasin. Il a demandé en conséquence aux enseignes d’accroitre leurs efforts dans ce domaine (...) Il a également indiqué qu’à la demande de plusieurs enseignes, une adaptation de la convention serait étudiée pour permettre le déploiement du « Panier des essentiels » sur le segment supermarchés. Les supermarchés ne disposent généralement pas de rayons spécifiques poissonnerie ou boucherie leur permettant de proposer chaque semaine la totalité des produits frais inscrits dans la convention (...) le Ministre a par ailleurs appelé les enseignes à mettre en avant (...) des fruits et légumes de qualité et de saison en privilégiant les produits de proximité (...) et de conclure : « L’essai des trois premiers mois de la mise en place du dispositif est concluant, c’est une bonne nouvelle (...) »
Quel est le bilan des associations de consommateurs ?
Famille rurale - Réaction
« (...) Lors d'une conférence de presse, Thierry Damien, le président de Familles rurales, a souligné le « piètre bilan » de ce « panier » (...) En principe, chaque enseigne doit proposer toutes les semaines à ses clients dix produits de qualité pour environ 20 € (...) Il est trop contraignant, car les produits sont peu visibles en magasin. Il faut souvent se connecter sur le site Internet de l'enseigne pour connaître les produits concernés » (...) D'après l'Observatoire des prix de l'association, ce panier des essentiels est aussi trop rare : seulement un magasin sur trois l'a mis en place (...) »
Que Choisir - Réaction
« (...) l’UFC-Que Choisir publie les résultats éloquents de relevés réalisés dans quelques magasins franciliens des principales enseignes de la distribution ayant participé au lancement de l’action en avril dernier. Trois mois après son lancement, de fantoche, le panier des essentiels est devenu fantôme ! (...) Dans 8 des 10 magasins visités, nos enquêteurs n’ont vu aucune mention du panier, aucun panneau ni affichage particulier susceptibles d’indiquer que celui-ci serait toujours d’actualité. Dans les deux seuls magasins continuant à promouvoir cette action (...) nous avons dû constater que les rares produits choisis en toute discrétion par les distributeurs ne s’avèrent pas forcément les plus attractifs en termes de prix, ni les plus intéressants du point de vue nutritionnel.
S’agissant des prix, nous avons remarqué qu’ils sont généralement comparables aux produits de même niveau de qualité, et parfois même plus chers que les promotions !
En termes d’équilibre alimentaire, comment ne pas s’étonner de la présence de bananes ou de pommes de terre à rissoler (...) L’UFC-Que Choisir rappelle que les consommateurs n’attendent pas des coups de communication mais une véritable opération coup de poing contre la hausse des prix de l’alimentaire qui a déjà atteint + 2,3% en moyenne en moins d’un semestre ! Certains produits sont déjà à des sommets : ainsi les prix de la volaille ont augmenté sur ces cinq derniers mois de +4.5 %, le café arabica de +8,3 % et l’huile de tournesol de + 12,5 % (...) le problème des prix alimentaires reste entier (...) »
En clair et en langage de client, ça s'appelle un foutage de gueule ... manifeste !
La réalité c'est que personne : Clients, hyper, super marchés et les commerces alimentaires de détail et les marchés (qui se sont associés récemment à l'opération ) n'était dupe. Et oui, comment imaginer obtenir des résultats, alors que la charte brandie par le ministre, ne comportait aucune contrainte ou objectif chiffré pour les distributeurs.
Mais peu importe, les élections approchent à grand pas, et il faut au Président de la République et à sa majorité, au moins un argument ... sur leur combat pour le pouvoir d'achat !
Pour le reste, il suffira de parler de la responsabilité de la crise économique, de l'immigration, des 35H00 maléfiques, de la flexibilité indispensable des salariés, et probablement ... du carnet rose de l'Elysée !