Trève de polémique autour d'une maladroite idée de bodys spécifiques pour bébés filles et bébés garçons, suscitant parmi les internautes une controverse hors de proportions. Il est vrai que de tels qualifiquatifs sont assez inconvenants et que les choix, en particuliers pour les filles auraient pu être plus pertinents.
Néanmois, j'aime et je soutiens la marque Petit-Bâteau dont je suis une fan depuis ma toute petite enfance.
On a tous au cœur en effet des marques de prédilection : pour moi, je cite spontanément Guerlain pour le parfum, Hermès pour les foulards, Burberry’s pour les imperméables, Louis Vuitton pour les sacs à main…..( oui, je sais, ça fait très "bourge", mais j'assume !) et Petit Bâteau pour les petites culottes. Et aussi loin que je m’en souvienne, j’ai porté des petites culottes blanches en côtes 2/2 à picot avec des boutons pour tenir aux chemises de corps assorties, puis j’ai acheté pour mes enfants des brassières, des bodies et des pyjamas increvables, et je continue à acheter pour mes petits-enfants des T-Shirts de toutes les couleurs.
Et pas seulement pour les enfants, mais pour moi aussi, dans des couleurs acidulées et toujours en qualité supérieure. On se refile les vêtements et sous-vêtements de bébé à bébé : voilà une entreprise qui sait demeurer à la pointe de la qualité et de la mode à travers un parcours de plus de 100 ans, une marque culte, la griffe emblématique des petites culottes – inventée en 1918 par Etienne Valton qui eut l’idée de couper les jambes des caleçons longs – et des bodies à emmanchure américaine – inventés en 1950 à l’image des militaires américains qui devaient pouvoir enfiler leur T-Shirt sans enlever leur casque – ou encore du délicieux motif de rayures milleraies reconnaissable entre tous, créé en 1970 ! Aujourd'hui, de jeunes stylistes comme Garance Doré (tiens-tiens ? Serait-elle apparentée à la famille Doré qui créa la marque DD ????) lui donne une touche de modernité bienvenue.
L’histoire vaut d’être racontée :
Il était une fois... Pierre Valton qui épouse Noëmie Quincarlet, la fille de son patron... bonnetier Troyen. Ce mariage va révolutionner toute sa vie. Pourtant, à quinze ans, il voulait entrer dans les ordres. Il se retrouve, finalement, apprenti dans le textile. Un hasard qui fait bien les choses. Il y apprendra tout de la fabrication des caleçons longs et autres chemises, avant de se séparer de son beau-père pour fonder sa propre entreprise avec ses trois fils, André, Xavier et Etienne. 1893 voit la création de l'entreprise et l'ouverture à Troyes, de l'usine Valton et fils. Ils commencent à fabriquer ce qu'ils savent faire à la perfection ; des caleçons longs pour hommes, des gilets et des pantalons de cavalier en jersey de coton avec diminutions pour éviter les coutures apparentes. Pour l'anecdote, la société s'enorgueillira même d'être le fournisseur attitré du maréchal Joffre pendant la Première Guerre mondiale.
Mais l'idée géniale vient à Pierre Valton en 1918. Inspiré par la chanson "Maman les p'tits bateaux, qui vont sur l'eau,ont-ils des jambes ?", il coupe celles des caleçons. La petite culotte est née.
Et avec elle, le principe de l'élastiquage aux cuisses et à la taille, la cote un/un puis la cote deux/deux, soit une nouvelle façon, plus souple, de travailler le jersey. Dernière invention : le picot, qui vient remplacer le feston en bordure des culottes et des chemises. La fabrication de ces articles démarre sur des remailleuses anglaises. A l'époque, la société compte deux cents employés, dont beaucoup d'Alsaciens venus du textile d'Alsace-Lorraine, ayant déserté la région pour cause d'annexion à l'Allemagne en 1871. Le succès est immédiat. Au fil des ans, les techniques de fabrication sont améliorées avec la disparition progressive du remaillage et l'apparition de la couture avec point de chaînette double. Elles apportent un gain de temps considérable et une amélioration de la qualité et de la résistance du produit. En 1920, Pierre Valton dépose la marque « Petit Bateau » et la promeut par la publicité. Rançon de la gloire, la concurrence s'empresse de copier la petite culotte.
Mais la marque reste leader, jusque dans les années 70. Elle est alors rachetée par le groupe Yves Rocher après une rude bataille boursière contre BNP Paribas et depuis, l'entreprise se développe à l’International à l’appui d’un réseau mondial de boutiques.
Pourquoi je vous parle de Petit Bateau ?
Je ne fais aucune publicité particulière mais il se trouve que le Président de l’entreprise en est Christian Blankaert, un homme avec lequel j’ai fait mes études à Sciences – Pô à la fin des années 68.
En voilà encore un, à 65 ans comme moi, qui après avoir dirigé le Comité Colbert qui regroupe les grandes marques de prestige des arts de la Table et être passé chez Hermès, n’est pas prêt de prendre sa retraite !