Vous l'aurez sans doute remarqué, la littérerature 'Young Adults' (pour les 'jeunes adultes') a envahi les rayons des librairies et les studios hollywoodiens se disputent les droits d'adaptation des livres parfois avant même leur parution...
Même s'il n'est pas entièrement consacré à la saga Twilight, je vous propose de lire cet article très intéressant écrit par Constance Jamet sur les futurs blockbusters américains issus des succès littéraires actuels. N'hésitez pas à partager dans les commentaires vos lectures du moment et les adaptations que vous attendez avec le plus d'impatience !
Hollywood a déjà choisi les héritiers de Harry Potter
Depuis plusieurs années, les studios sont à l'affût de sagas littéraires pour espérer dénicher la nouvelle poule aux œufs d'or. De nombreux projets sont en développement, dont l'adaptation d'un roman français.
La sortie de Harry Potter et les reliques de la mort : c'est ici que tout fini va créer un vide dans le cœur des fans… et dans les finances de Warner Bros. Le huitième long-métrage de la saga clôt une aventure qui lui a déjà rapporté 6 milliards de dollars. Son rival Summit Entertainment va connaître le même problème : l'adaptation du quatrième et dernier tome de Twilight est bouclée. Mais Hollywood ne connaît pas la peur du vide. Le succès sur grand écran des sorciers de JK Rowling et des vampires de Stephenie Meyer a créé un appétit démesuré pour les sagas littéraires jeunesse. Des dizaines d'adaptation sont sur les rails : Hunger Games de Suzanne Collins (le projet le plus avancé et le plus attendu), La Cité des Ténèbres de Cassandra Clare, Delirium de Lauren Oliver, Promise d'Ally Condie… Au milieu de ces auteurs anglo-saxons, on trouve même un romancier français c'est assez rare pour le signaler - Eli Anderson. Les aventures de son Oscar Pill ont passionné rien de moins que David Heyman…Le producteur d'Harry Potter et la Warner ont acquis les droits des cinq tomes, il y a huit mois.
Ces œuvres, qui vont envahir pendant plusieurs années les salles obscures, ont en commun avec Harry Potter et Twilight de se décliner sur plusieurs tomes et de viser les "jeunes adultes". Ce secteur est un des plus dynamiques de l'édition. En 2011, il devrait rapporter 3,3 milliards de dollars, 100 millions de plus que l'année passée. Désormais aux États-Unis, plus de livres "young adults" (484 millions) se sont écoulés que de romans et d'essais (411 millions). Ces séries sont une manne pour les éditeurs et les studios.
Elles leurs assurent un lectorat fidèle et très large qui réunit plusieurs générations : enfants, parents, trentenaires. Au fur et à mesure que le héros grandit, ses aventures s'assombrissent et intéressent un lectorat plus adulte. "Au début d'Oscar Pill, en 2009, la majorité de mes lecteurs avaient treize ans. Deux tomes et deux ans plus tard, la plus grande partie a plus de vingt ans", explique Eli Anderson. Les récits "young adults" relèvent souvent du fantastique ou du futur d'anticipation et se prêtent bien au septième art, remarque le Français. "Les univers de ces sagas sont très imaginatifs et fouillés. Le rythme de l'intrigue est soutenu". Etre porté sur grand écran permet aussi de relancer la vente de livres.
"Harry Potter a ouvert une voie royale"
L'actrice Jennifer Lawrence (Winter's bone) incarnera l'héroïne de Hunger Games au cinéma.
"Le succès d'Harry Potter a ouvert une voie royale à la littérature jeunesse", constate le père d'Oscar Pill - 120 000 exemplaires écoulés en France - . Depuis JK Rowling, les studios surveillent le moindre projet. Les droits peuvent désormais être cédés avant même que livre n'existe. Dans le milieu, on garde un souvenir ému de l'été 2007. La 20th Century Fox associée à Ridley Scott acheta en effet pour 1,75 million de dollars Le passage. Justin Cronin n'avait même pas fini d'écrire le premier tome de sa trilogie vampiresque. Les enchères se sont faites sur un simple synopsis. Les droits d'Oscar Pill ont été préemptés après la rédaction du premier tome. "C'était un conte de fées. Mon livre n'était même pas traduit en anglais"», s'émerveille l'écrivain. "David Heyman cherchait un projet après Harry Potter. Mon agent a confié à une de ses collaboratrices un pitch des cinq tomes à venir et une traduction des 50 premières pages du premier volume. Cela a suffi pour le convaincre".
Dans leur course à la franchise, un allié essentiel des studios est le scout. Chargé de débusquer les œuvres prometteuses, ce limier est en liaison constante avec les agents littéraires et écume les salons du livre. "La plupart des compagnies d'agents littéraires sont associées à des firmes de scouts. Celui qui s'occupait de mes intérêts a démarché les compagnies de production et les studios", raconte Cassandra Clare, auteur de La Cité des Ténèbres. "Le processus peut prendre du temps. Je ne sais pas si un ou deux ans se sont écoulés entre le moment où mon livre a circulé et où j'ai reçu une réponse positive. Souvent un studio décline puis change d'avis quand il voit que le roman marche", explique l'Américaine qui a vendu 8 millions de livres.
Une fois les droits cédés, la pré-production est une longue étape. Ni Eli Anderson, ni Cassandra Clare ne disposent d'une date précise de sortie. Entre l'achat de La Cité des Ténèbres par une branche de Sony et la distribution des premiers rôles, deux ans ont passé. Cassandra Clare a été consultée à la marge. "On m'a demandé mon avis sur l'acteur principal, sans doute pour avoir une vision féminine, mais pas sur l'aspect des armes et des objets". Eli Anderson a rédigé des résumés de 30 pages pour chacun des tomes déjà publiés mais n'est pas impliqué dans le scénario. "Le réalisateur, qui a ses propres contraintes, doit s'approprier l'histoire", remarque-t-il.
Dernier obstacle à surmonter : le nombre d'entrées en salle. New Line, à l'origine du Seigneur des Anneaux, a renoncé en 2008 à poursuivre l'adaptation d'A la croisée des mondes de Philip Pullman. La Boussole d'Or, premier volet de la trilogie [note : réalisé par Chris Weitz], n'avait pas été assez rentable sur le sol américain. Ce précédent n'effraie pas les auteurs. "Si les films se font tant mieux mais mon métier c'est écrire", affirme Cassandra Clare. La romancière de 37 ans s'est lancée dans une deuxième saga pour prolonger l'univers dépeint dans La cité des ténèbres : Infernal devices.