Magazine Culture

Un cas de divorce, d'après Maupassant

Publié le 13 juillet 2011 par Dubruel

UN CAS DE DIVORCE

Un homme d’âme exaltée

Et une femme remplie de bontés,

Tous deux amoureux, se marient.

Durand un temps, le mari

Est plein de tendresse

Pour son épouse délicieuse

Mais un jour, il l’agresse.

Il éprouve une haine scandaleuse.

Il la frappe, furibond,

Pour d’incompréhensibles raisons.

Nous nous trouvons en face d’un fou.

Qui lui montre un inexprimable dégoût.

En fait, il faudrait aimer éperdument

Sans voir ce qu’on aime vraiment

Car voir, c’est comprendre,

Et comprendre,

C’est mépriser.

Pour aimer, il faudrait se griser

De vin, de prune, d’alcool de noix

A ne plus savoir ce qu’on boit.

La femme que l’on a au fond du cœur

Apparait dans l’œil. Nulle part ailleurs.

Quel mystère, l’œil ! Tout l’univers,

Il le lit, même à l’envers.

Les yeux des femmes aimées,

Sont doux comme les baisers,

Profonds comme la mer,

Si clairs que l’on voit derrière

Et l’âme et le rêve.

En elle, l’âme porte sans trêve

La rêverie. L’œil boit la couleur,

Les tableaux et toutes splendeurs.

« Même quand marche la tourterelle,

On sent bien qu’elle a des ailes. »

Dit le poète.

Deux bêtes

S’accouplent par instinct bestial

Pour perpétrer leur race animale.

En convolant,

Il a obéi à un élan

Animal.

Il s’est jeté, trivial,

Sur la femelle,

Qu’elle

Fut consentante,

Aimante

Ou non. Dès qu’il l’a tenue

Dans ses bras, elle n’eut

Qu’à perdre tout espoir.

Il lui devint las de ne pouvoir

La toucher sans ressentir

A en mourir

Le dégoût de l’étreinte amoureuse.

C’est une action honteuse

Qu’il faut dire en se cachant,

Et dont on parle en rougissant.

Un jour, humant son haleine,

Il a même senti la pourriture humaine.

Seules les fleurs, dans la nature,

Se reproduisent sans souillure.

Notre fou les trouve attirantes.

Elles sont odorantes.

Leurs flancs se creusent.

Ouvertes pour l’amour, heureuses.

Elles sont toujours plus tentantes

Que la chair féminine vivante.

Par malheur, cet hystérique

N’est pas pourvu d’étamine. 

Ce petit organe fantastique,

Lui créerait des sensations lutines !

Le peu que je viens de vous confier

Vous suffira pour apprécier

Ce cas de maladie mentale fréquente

En cette époque décadente.

Ma cliente est donc en droit,

Plus qu’aucune autre femme, je crois,

De réclamer le divorce immédiatement,

Compte-tenu de la situation causée

Par l’égarement extrême et insensé

De son mari dément.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Dubruel 73 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine