UN CAS DE DIVORCE
Un homme d’âme exaltée
Et une femme remplie de bontés,
Tous deux amoureux, se marient.
Durand un temps, le mari
Est plein de tendresse
Pour son épouse délicieuse
Mais un jour, il l’agresse.
Il éprouve une haine scandaleuse.
Il la frappe, furibond,
Pour d’incompréhensibles raisons.
Nous nous trouvons en face d’un fou.
Qui lui montre un inexprimable dégoût.
En fait, il faudrait aimer éperdument
Sans voir ce qu’on aime vraiment
Car voir, c’est comprendre,
Et comprendre,
C’est mépriser.
Pour aimer, il faudrait se griser
De vin, de prune, d’alcool de noix
A ne plus savoir ce qu’on boit.
La femme que l’on a au fond du cœur
Apparait dans l’œil. Nulle part ailleurs.
Quel mystère, l’œil ! Tout l’univers,
Il le lit, même à l’envers.
Les yeux des femmes aimées,
Sont doux comme les baisers,
Profonds comme la mer,
Si clairs que l’on voit derrière
Et l’âme et le rêve.
En elle, l’âme porte sans trêve
La rêverie. L’œil boit la couleur,
Les tableaux et toutes splendeurs.
« Même quand marche la tourterelle,
On sent bien qu’elle a des ailes. »
Dit le poète.
Deux bêtes
S’accouplent par instinct bestial
Pour perpétrer leur race animale.
En convolant,
Il a obéi à un élan
Animal.
Il s’est jeté, trivial,
Sur la femelle,
Qu’elle
Fut consentante,
Aimante
Ou non. Dès qu’il l’a tenue
Dans ses bras, elle n’eut
Qu’à perdre tout espoir.
Il lui devint las de ne pouvoir
La toucher sans ressentir
A en mourir
Le dégoût de l’étreinte amoureuse.
C’est une action honteuse
Qu’il faut dire en se cachant,
Et dont on parle en rougissant.
Un jour, humant son haleine,
Il a même senti la pourriture humaine.
Seules les fleurs, dans la nature,
Se reproduisent sans souillure.
Notre fou les trouve attirantes.
Elles sont odorantes.
Leurs flancs se creusent.
Ouvertes pour l’amour, heureuses.
Elles sont toujours plus tentantes
Que la chair féminine vivante.
Par malheur, cet hystérique
N’est pas pourvu d’étamine.
Ce petit organe fantastique,
Lui créerait des sensations lutines !
Le peu que je viens de vous confier
Vous suffira pour apprécier
Ce cas de maladie mentale fréquente
En cette époque décadente.
Ma cliente est donc en droit,
Plus qu’aucune autre femme, je crois,
De réclamer le divorce immédiatement,
Compte-tenu de la situation causée
Par l’égarement extrême et insensé
De son mari dément.