Le moins que l’on puisse dire c’est que la série "Spartacus : Blood and Sand" (diffusée pour la première fois aux USA en janvier 2010) a défrayé la chronique au pays de l’Oncle Sam… Non parce que cette série TV comptait dans ses rangs le célèbre cinéaste Sam Raimi - officiant en tant que producteur exécutif -… Non plus parce que l’on pouvait savourer le retour, sur le petit écran, de la pulpeuse Lucy "Xena la Guerrière" Lawless… Mais principalement par rapport à la forme voulue pour ce Péplum télévisuel surfant sur l’alléchante vague des "Gladiator" et autre "300"… Une formulation choquante, outrancière (écœurante !) ou tout simplement vulgaire dirons certains… Ou une audace libertine truculente et bienvenue dirons les amateurs de spectacles inclassables vu la débauche d’artifices luxuriants et sanguins ! A vous de choisir votre camp.
Genèse d’un Prequel…
Mettant à l’honneur la figure historique de Spartacus - le guerrier devenu esclave, destiné à devenir gladiateur avant de fomenter et de mener une rébellion contre Rome -, "Blood and Sand" (titre de la première saison déclinée en 13 épisodes) a permis de mettre en lumière l’acteur Andy Whitfield - campant le rôle titre -. Après de graves ennuis de santé, ce dernier n’a pu directement reconduire sa participation à une seconde saison pourtant bien mise en chantier… Histoire sans doute de faire patienter les fans de la sulfureuse série - avant de se pencher sur l’avenir de notre Spartacus fraîchement libéré du joug des Batiatus -, les producteurs ont jugé bon de proposer une mini-série comptant 6 épisodes et conçue sous la forme d’un Prequel, comprenez, disposant d’une intrigue se situant avant les évènements narrés dans la première saison.
Quand Batiatus rencontre Lucretia !
Pour les causes mentionnées ci-dessus ce n’est donc pas Whitfield et son personnage de Spartacus qui occupent ici le haut de l’affiche mais plutôt le duo composé des acteurs Lucy Lawless et John Hannah, respectivement Lucretia et Batiatus dans "Blood and Sand", un farouche couple uni pour le bien et surtout pour le pire au sein d’un ludus, un centre de formation et d’exhibition de gladiateurs. Alors que Lucy Lawless se met encore plus à nu dans ce deuxième chapitre, il est à nouveau surprenant pour ne pas dire "ahurissant" de contempler la performance de l’acteur John Hannah ! Principalement connu, depuis plusieurs années, auprès du grand public pour de petits et sympathiques seconds rôles en marge de comédies fantastiques et romances à l’image de la trilogie "La Momie" ou des "Pile et face" (1998) et "Quatre mariages et un enterrement" (1994), notre ami crève ici littéralement le petit écran en campant un être ambigu capable des pires atrocités, doublé d’un fomenteur né ! En toile de fond de notre "Gods of the Arena", le spectateur pourra ainsi notamment suivre l’ascension de cet infernal couple. Inutile de préciser que les arguments plutôt percutants et immoraux de la saison initiale ont été ici pérennisés et même, d’une certaine manière, amplifiés. Une bonne nouvelle ?
Sex, Blood… and Sun
Ça dépend encore une fois de quel côté on se place ! Si vous avez craqué pour le cocktail Sex, Blood and Sun des épisodes précédents, vous ne devriez pas trop être déçu par cette nouvelle incursion dans le monde impitoyable des amphithéâtres latins. Objectivement, si les scènes érotiques et sanguinolentes de "Blood and Sand" percutaient justement par leur désir affirmé de choquer et de décoincer un paysage télévisuel américain - …parfois bien trop chaste et trop bien pensant -, ce deuxième essais finit un peu par lasser à force de promouvoir continuellement une exubérance de nus et de clichés Gore. On sombre ainsi, par moments, dans un pur et basique voyeurisme.
T’as d’belles tripes tu sais !
A la différence donc d’une mise en forme loin d’être novatrice par rapport à la première saison (mais qui reste sur certains points spectaculaire - voir ci-dessous -), l’intrigue, chapeautée par Steven S. DeKnight, reste à nouveau joliment ficelée. Les protagonistes nagent, une fois n’est pas coutume, avec joie dans un cocktail mêlant machinations, trahisons, meurtres et autres joyeusetés enclin à ne pas nous faire regretter notre petit confort moderne ! Un esthétisme très proche donc des précédents épisodes mais qui tend progressivement à se démarquer de l’impact visuel de certaines productions cinématographiques (Cf. 300) pour proposer et revendiquer un graphisme plus personnel et maison. Si la filiation entre "Gods of the Arena" et "Blood and Sand" n’est pas à mettre en doute - répétons-le, tous les ingrédients (complots à gogo, sexe et violence) sont reconduis et même amplifiés -, notons cependant l’impact prépondérant de la nouvelle figure de cette deuxième saison, celle du gladiateur Gannicus, interprété par l’acteur Dustin Clare.
Gannicus chewing-gum
La générosité dans l’effort et le sourire ravageur made in "Hollywood chewing-gum" de Dustin Clare apporte à cette franchise un certain détachement et une fraîcheur plus que bienvenue. Loin de se présenter - au début du moins - comme un héros sacrificiel à l’image du Spartacus de la première heure, Gannicus, sous les traits de Clare, offre une image finalement assez anachronique : c’est davantage, de prime abord, un beau Surfer californien, musclé et huilé, qui s’avance dans l’arène pour "prendre la vague" et assujettir ses adversaires par la force de ses glaives. Progressivement, ce personnage va toutefois évoluer vers un côté plus obscur… La faute (pour ne pas changer !) aux instigations viles et malheureuses de la Maison Batiatus. Soulignons-le à nouveau, la portée tragique de ce Gannicus est loin d’être aussi exubérante que celle de Spartacus (Andy Whitfield) ou même du Crixus (Manu Bennett) de "Spartacus : Blood and Sand".
Spartacus Origins
Même si le personnage de Spartacus n’est pas développé dans ces nouveaux épisodes, ceux-ci prennent plaisir à mettre en image certains évènements présentés de manière anecdotique dans la première saison. "Gods of the Arena" permettra ainsi d’en savoir plus sur plusieurs intrigues survenues avant l’arrivée du gladiateur thrace chez les Batiatus : Qu’en est-il de l’histoire d’amour tragique d’Oenomaus (Peter Mensah) ? Quelle était la mesure de la rancœur qu’éprouvait Batiatus (John Hannah) à l’encontre de son père Titus (Jeffrey Thomas) ? Que s’est-il réellement passé dans l’arène entre Ashur (Nick Tarabay) et le champion de Capoue, Crixus (Manu Bennett) ? etc. C’est ainsi que plusieurs acteurs et personnages de la première heure se retrouvent au casting de ce Prequel comme, par exemple, le comédien Craig Walsh Wrightson, l’ennemi juré de Batiatus dans "Blood and Sand", qui tient ici une relation tout autre avec le laniste joué par John Hannah.
Il ne peut en rester qu’un !
Avec la profondeur (notamment tragique et psychologique) de l’intrigue moins travaillée & une succession de lieux et d’environnements réduits et connus (une arène délabrée, la villa des Batiatus, les rues hostiles et lubriques de Capoue), ce deuxième chapitre de la franchise "Spartacus" n’égale peut-être pas son prédécesseur mais parvient toutefois à remplir honorablement son cahier de charges avec plus de sexe et, surtout, quelques impressionnantes joutes antiques… A ce titre ne rater pas le combat final qui mérite à lui seul que l’on s’intéresse et que l’on goûte à ces 6 épisodes… En attendant un "Spartacus 3" !?
Tags associés : "Spartacus : Blood and Sand", "300", "La Momie 3", Sam Raimi, John Hannah