"Algérie 1961, c’est l’année où tout se joue, et où tout bascule ! L’année décisive où il faut en finir.
Le général de Gaulle l’a dit lors de son discours de fin d’année, le 31 décembre 1960, « pour l’Algérie, nous voulons que 1961 soit l’année de la paix rétablie, afin que les populations puissent décider librement de leur destin et pour que naisse l’Algérie algérienne ! ». Après plus de six ans d’affrontements contre le FLN, dans ce que l’on appelait alors les « événements d’Algérie», l’heure est à la sortie de guerre.
Le 8 janvier 1961, le ‘oui’ l’emporte lors du vote du référendum sur l’autodétermination. Le monde politique est bien décidé à négocier une paix devenue inévitable avec le GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne), des réunions s’organisent tout au long de l’année, à Evian, puis à Lugrin.
Pendant ce temps, des partisans de l’Algérie française se jettent à corps perdu dans un ultime combat, du putsch des généraux en avril aux attentats réguliers de l’OAS, en Algérie comme en métropole, un sursaut national désespéré se fait jour en opposition au choix de De Gaulle dont le célèbre « je vous ai compris » lancé le 4 juin 1958, à Alger, a laissé un goût amer.
Dans une sorte de fuite en avant, mêlant espoir et désarroi, la parole et les armes vont rythmer ces douze mois décisifs. Attentats, assassinats, manifestations, répressions, y compris en France, notamment lors de la manifestation du 17 octobre violemment réprimée par la police aux ordres du préfet Papon…. La route vers la paix est ardue, et les ornières creusées entre les communautés seront autant de déchirures et de blessures gardées en mémoire.
Entre les « Français d’Algérie », tiraillés, désespérés à l’idée d’être arrachés à la terre de leurs pères, et ceux que l’on appelait les « Français musulmans d’Algérie », citoyens de seconde zone, accrochés à l’espoir d’un statut meilleur, de liberté et d’égalité, sans parler des soldats français lancés dans cette « opération de pacification », cette année 61 sonne comme la dernière avant l’indépendance, l’année où deux mondes se retrouvèrent à la croisée des chemins.
Cinquante ans après, ici et là-bas, en métropole et en Algérie, ces hommes et femmes qui n’ont pu vivre ensemble, sur cette terre en partage, revivent cette histoire commune où la page blanche n’existe pas. Où le livre se couvre à nouveau de lignes à l’encre bleue. Le bleu d’un ciel qu’aucun ne peut oublier.
Et même si les souvenirs se teintent, bien souvent, de la couleur du sang ou des larmes, un mot revient souvent dans ces destins croisés, « gâchis » !"En attendant, il est possible également de (ré)écouter des géographes intervenus sur la question de l'indépendance du Sud-Soudan, comme l'annonce le dossier "Soudan(s)" proposé sur le site des Cafés géographiques (en complément, on retrouvera le billet "Le Sud-Soudan vu par les géographes").