Avant de savoir comment la gauche peut conquérir le pouvoir, il nous faut savoir qui veut le faire, et pourquoi. Par “gauche”, j’entends tous ceux dont l’action politique a pour objectif principal de préserver, de reconstruire et d’étendre l’Etat providence, de défendre la démocratie politique et de garantir l’égalité des chances pour tous les citoyens. Face à ces objectifs, la gauche doit se battre au nom de sept principes fondamentaux.
Au Portugal, du point de vue politique, il revient aujourd’hui aux socialistes, au Bloc de gauche [gauche alternative] et aux communistes de s’entendre sur un programme commun minimal pour pouvoir lutter ensemble pour ces objectifs. Du point de vue social, il revient aux syndicats et autres mouvements issus de la société civile de contribuer à cette plate-forme commune. Du point de vue électoral, il revient aux citoyens qui se reconnaissent dans ces principes de punir ceux qui auront fait le choix de les trahir ou qui refusent d’œuvrer à la convergence de la gauche. La politique est faite d’idées, de valeurs et de principes. Les partis, quelle que soit la valeur affective que nous leur accordons, ne sont rien d’autre que des instruments au service de la politique.
- Premier principe. Tant que l’Etat national reste l’espace de la légitimité politique, la gauche doit se montrer intransigeante face à toute perte de souveraineté. Un transfert de compétences au profit d’institutions supranationales n’est acceptable qu’à condition que soit garanti le même contrôle démocratique que celui qu’ont conquis les démocraties modernes.
- Deuxième principe. Sans préjudice du premier principe, tous les combats politiques fondamentaux passent par une articulation entre l’espace national et l’espace européen et mondial.
- Troisième principe. La politique doit de nouveau primer sur l’économie. Car, si le marché est nécessaire, il n’est pas démocratique. Ce n’est pas en lui que réside le pouvoir légitime du peuple.
- Quatrième principe. Il faut défendre l’autorité démocratique de l’Etat. Les attaques populistes contre tous les acteurs politiques ne font que renforcer les pouvoirs que le vote n’a pas légitimés.
- Cinquième principe. La stabilité dans le quotidien des citoyens doit être défendue. La liberté individuelle et la démocratie passent directement par l’égalité et la sécurité dans l’emploi, la santé, l’éducation et la vieillesse.
- Sixième principe. Il faut réduire le pouvoir des institutions financières de façon drastique. Le transfert de ressources du secteur productif, des familles et des Etats vers le monde de la spéculation constitue une attaque contre la santé des économies, le plein-emploi, la démocratie et la viabilité de l’Etat social.
- Septième principe. Il importe de défendre une croissance économique solide qui fasse de la bonne gestion des ressources naturelles, de l’équilibre écologique et de l’utilisation rationnelle des territoires les conditions premières du développement.