Je présente cette semaine un album graphique qui se veut témoignage avant tout. De quoi s’agit-il ? Pendant la seconde guerre mondiale, le Japon, allié de l’Allemagne nazie était depuis longtemps en guerre contre les pays voisins qu’il désirait occuper.
C’est pour ces soldats victorieux que plus de 200 000 femmes coréennes et occidentales, hollandaises surtout, ont été kidnappées, battues, déportées très jeunes et vierges de préférence, pour servir d’esclaves sexuelles dans les camps de l’armée japonaise. Les rares survivantes ont mis longtemps à parler et à s’organiser pour dénoncer cette vérité historique. C’est l’histoire vraie de ces "femmes de réconfort" que raconte ici la jeune coréenne Jung Kyung-a, grâce à un travail très documenté. C’est un livre d’urgence car les protagonistes, désormais très âgées, après des décennies de honte et de silence, parlent enfin de leur calvaire et revendiquent une seule chose : que la vérité soit reconnue par le pays responsable de leurs vies gâchées. Actuellement, à Séoul, devant l’ambassade du Japon, depuis 1992, tous les mercredis, sans exception, a lieu une manifestation.
«Une dizaine de Halmuny ou femmes de réconfort, des membres des associations féministes, des étudiants,des citoyens et même quelques étrangers – y compris des japonais- y élèvent leurs voix.
- Gouvernement japonais ! Excuses officielles et indemnisations des « femmes de réconfort » victimes de l’armée japonaise devant la justice. - Rétablissez la vérité historique falsifiée !
«Plus que tout je refuse catégoriquement le terme de « femme de réconfort» puisqu’il signifie quelque chose de chaleureux et doux. Nous n’étions pas des femmes de réconfort. Nous étions des victimes de rapt et de viols commis par l’armée japonaise ! Nous ne cherchons pas à faire punir les coupables individuellement ; nous attendons que l’Etat japonais reconnaisse son crime officiellement. Reconnaître et voir la réalité en face est un moyen d’apprendre davantage. Même si c’est une page sombre de l’histoire, les japonais n’ont-ils pas le droit de savoir ce qui s’est réellement passé? »
Jan Ruff O’Herne, une femme hollandaise, séquestrée à Java, en Indonésie, son île natale longtemps colonie hollandaise. C’est son histoire que raconte le premier chapitre. Elle fut une des premières à témoigner.
Le dessin n’a rien d’esthétique. Il est efficace et se prête à l’urgence de la dénonciation entreprise. La très grande intensité de ce manhwa m’a intéressée et bouleversée à la fois. Je lui accorde un 19/20, Yaneck, c’est dire si je l’apprécie.
Femmes de réconfort. Esclaves sexuelles de l'armée japonaise de Jung Kyung-a, ma BD du mercredi (Au Diable Vauvert. 6 Pieds-Sous Terre, 2007, 263p) Titre original:" The Story of "Japanese Military sex Slaves" . Ouvrage traduit du coréen par Youn-Sill Kim et Stéphane Couralet.