Cerisiers en Fleur aux branches flamboyantes (détail), par Makino Machiko
Culture de masse
Avec plus de dix ans à traîner mes baskets en convention je me sens toujours newbie. Il faut dire qu'autour de moi je ne compte plus ceux qui apprécient la culture japonaise depuis plus longtemps, et qui sont souvent plus jeunes. Bref, ils sont vraiment tombés dedans tout petit !
Être otaku est devenu une fierté en Europe, et même au Japon le mot s'est un peu galvaudé, il est devenu moins gluant, moins repoussant. Des oeuvres comme Densha okoto ou Genshiken adoucissent l'image. Pourtant, il suffit de faire un tour le week-end à Akiba pour être confronté à la réalité franchement peu ragoûtante. On trouve même sur ce blog des photos assez édifiantes d'otaku dans leur pires travers.
Et la curiosité, bordel ?!
Je ne dirai pas le "Japan Expo c'était mieux avant" qui signifie qu'on est mûr pour le joyeux qualificatif de "vieux con". Le monde du fanzinat évolue et, si les vieux de la vieille sont soit devenus pro, soit ont déserté le navire, je pense que la relève est assurée. Cependant, mon regret est que ce goût pour le Japon devenu à la mode attire un public moins curieux.
Une jolie Miku chez Good-Smile
Les fans d'il y a 10 ans n'étaient pas plus intelligents ni plus doués, par contre, ils étaient indubitablement plus curieux.Et ceux d'il y a 15 ans encore plus.
Il fallait découvrir les auteurs et les séries par soi-même, faire un effort pour dénicher son bouquin, souvent disponible qu'en japonais et dans peu de lieu. Venir à Paris était parfois la seule solution pour se procurer ses mangas et ses cassettes vidéo (oui je parle d'un temps que le moins de 20 ans...)
L'explosion de la culture pop japonaise est concomitante des nouvelles technologies, de l'avènement de l'Internet qui facilite grandement la diffusion de l'information.
Alors oui, j'avoue, je regrette la curiosité et le goût de l'effort qui animaient les fans de la première heure.
Ils n'étaient pas forcément plus tolérants, sortaient rarement leur museau de leur pré carré de manga et d'animation pourtant ils avaient pour assouvir leur passion une obligation de recherche, de partage.
Et demain ?
Quand je vois le professionnalisme de certains fanzines d'aujourd'hui, avec des dos carré-collé, des stands à la décoration parfaite, et le sourire avenant des dessinateur amateurs, je reconnais une évolution bénéfique. Cette tendance à un fanzinat qui flirte avec le prozine s'accompagne aussi de tarifs plus élevé et donc moins abordables (souvent plus de 8 euros).
Les fanzines de Morgil, l'étape avant l'édition pro
Même si une écrasante majorité des visiteurs de la Japan Expo ne connaissent la culture japonaise que par la lorgnette du mangas, de l'animation, du cosplay, elle s'ouvre quand même sur le monde. Et certains vont plus loin, regardent des films, découvrent la littérature, s'interessent à l'histoire, à la société, et même apprennent la langue !
Alors, même si la culture japonaise présentée à la Japan Expo est fragmentaire et peu représentative de la richesse de ce pays, elle est une porte d'entrée colorée, facile et aguicheuse sur un univers bien plus complexe et bien plus fascisant. Tel un substrat riche et fertile, prêt à révéler ses mystères et son incroyable capacité nourricière si on prend le temps de gratter un peu.
Le wabi-sabi dans la tourmente de Japan Expo
Dans mon prochain article, vous aurez un vrai compte rendu de mes quatre jours de convention avec un focus sur mes auteurs de fanzine favoris, mes petites découvertes et les trucs qui m'ont énervés. Parce que la grenouille est un batracien râleur !Copyright : Marianne Ciaudo