Un fil électrique d’un million de kilomètres entre Saturne et Encelade
article trouvé dans sciences et avenir, ici
Saturne est connectée électriquement à Encelade, un de ses satellites, pourtant distant de 240 milliers de kilomètres. Le flux d’électrons passant en permanence par ce lien s’écrase sur Saturne et y créé une aurore boréale mobile, de la taille de la Californie.
Les aurores polaires se créent lorsque des particules chargées sont capturées par le champ magnétique d’une planète et guidées jusqu’à ses pôles. En percutant la
partie supérieure de l’atmosphère, la ionosphère, les charges lui font émettre de la lumière et créent ainsi de superbes rideaux de lumière. Sur notre Terre c’est le vent solaire qui apporte
ces particules chargées.
Sur Saturne, Encelade lance son propre flot d’électrons. Ceux-ci suivent donc les lignes de champ magnétique de Saturne, ce qui les mène jusqu’au pôle nord
de la planète. Le faisceau d’électron est cohérent et crée une aurore boréale permanente, en lumière ultraviolette, large de 1200km et haute de 400, qui tourne autour de la planète en même
temps qu’Encelade.
Il a fallu deux ans à une large équipe internationale pour analyser les données de Cassini, trouver l’aurore mobile et publier le tout dans la revue scientifique
Geophysical Review Letters, ce mois-ci.
Il leur a fallu distinguer la tache de l’aurore boréale normale de Saturne, un peu plus au nord. Ils étaient toutefois aidés par leur expérience précédente avec
des aurores mobiles analogues sur Jupiter, résultant des interactions de celle-ci avec ses satellites Io, Europe et Ganymède.
L’apport de ces nouvelles données est considérable. Un débat de longue date concernait la variabilité (ou la stabilité) de l’activité de cette petite lune : des
fluctuations de l’aurore semblent indiquer que oui, cette activité varie. L’analyse de ce lien promet également d’être riche en renseignement sur le champ magnétique de Saturne, qui présente
des anomalies encore inexpliquées...
Fabien Nicolas
Sciences et Avenir.fr
22/04/2011