Lorsque Mark Zuckerberg a créé Facebook en 2004 dans les couloirs de l’université d’Harvard, Google était alors en telle situation d’hégémonie qu’il concentrait à lui seul 84,7% de toutes les recherches sur le web de la planète. Sept ans plus tard, le réseau social est devenu un rival de poids qui a investi sur un terrain oublié par Google. Et que le moteur de recherche compte bien reconquérir. Retour sur une guerre en quatre actes.
Acte 1: La guerre des talents
En 2010, Facebook n’en finit plus de croître et atteint 500 millions d’utilisateurs dans le monde en juillet. Il est temps de passer à l’étape d’après, soit consolider sa position de nouveau leader des réseaux sociaux et plancher sur de nouveaux développements. Pour cela, Mark Zuckerberg va directement puiser dans le vivier de talents de Google. En octobre de la même année, le Wall Street Journal chiffre à 10 le pourcentage des effectifs de Facebook débauchés de chez Google et d’autres entreprises de la Silicon Valley http://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/11/11/google-facebook-la-guerre-des-talents-est-declaree_1438853_651865.html.
Acte 2: La guerre des idées
Depuis plusieurs mois, Google et Facebook chassent sur le terrain du voisin. Google a lancé les hostilités en présentant Google Wave, en mai 2009, un outil censé révolutionner le chat et l’email http://www.20minutes.fr/article/329083/High-Tech-Google-Wave-la-vague-qui-pourrait-tout-emporter.php. Las, un an plus tard, Google arrête son service http://www.20minutes.fr/article/587431/web-google-met-un-terme-a-google-wave. Le moteur de recherche n’en a toutefois pas fini avec le social et présente Google Buzz en février 2010 http://www.20minutes.fr/article/383462/High-Tech-Google-Buzz-veut-mettre-de-l-ordre-dans-le-bruit-social.php, au succès plus que confidentiel. Un flop plus tard, avec notamment une belle gaffe sur la vie privée, Google «a réalisé que Buzz n'était pas suffisant et qu'ils avaient besoin de construire un réseau de première classe complet. Ils le bâtissent sur le modèle de Facebook. A la différence des précédentes tentatives, c'est un projet de la plus haute importance», confirmait en juin 2010 Adams D’Angelo http://www.20minutes.fr/article/581733/Web-Rumeur-sur-Google-Me-un-ancien-de-Facebook-confirme.php, un ancien de Facebook qui a lancé son propre réseau Quora.
La dernière arme de la firme s’appelle Google +, un réseau social dévoilé la semaine dernière. En riposte, Mark Zuckerberg a officialisé mercredi un accord avec Skype pour proposer sur Facebook un service de visiophonie. Et a profité de son succès sur Google + (il est actuellement la personne qui compte le plus de followers) pour regarder ce qui s’y faisait et s’en inspirer un peu… en lançant une application singeant presque parfaitement la gestion de contacts de Google: les cercles.
Acte 3: La guerre des données
Mais le nerf de la guerre reste l’utilisateur. Google et Facebook se livrent une lutte acharnée pour conserver leurs contacts. Quitte à mettre des bâtons dans les roues de son concurrent en l’empêchant d’y avoir accès. C’est ainsi que Facebook a bloqué mardi un outil permettant d'exporter le nom et l'adresse email de ses contacts personnels. Un utilisateur ne peut ainsi pas récupérer sur Gmail ses contacts Facebook pour les ajouter à son carnet d’adresses. En représailles, Google a bloqué la possibilité pour Facebook d’avoir accès aux contacts Gmail. Avec un message bien senti à l’attention de ses utilisateurs qui essayent d’importer leurs contacts Gmail vers Facebook: «Attendez un instant. Êtes-vous bien certain que vous voulez importer l’information de vos contacts dans un service qui ne vous laissera pas les sortir?»
Acte 4: La main tendue?
Dernier rebondissement en date, la sortie d’Eric Schmidt en forme de main tendue vers Facebook. Le directeur de Google s’est dit ce vendredi convaincu qu'il y a de la place pour plusieurs réseaux sociaux et laisse la porte ouverte a plus de coopération avec les géants du social Facebook et Twitter. Pas sûr que Facebook, qui pèse 750 millions d’utilisateurs, acceptent de s’aligner. Ou alors à ses conditions.
Sandrine Cochard