My little princess, le premier film d'Eva Ionesco

Publié le 10 juillet 2011 par Vivons_curieux

Violetta (Anamaria Vartolomei) est une petite fille âgée de douze ans qui vit avec sa grand-mère dévote (Georgetta Leahu) dans un minuscule appartement parisien. Sa mère Hannah (Isabelle Huppert), artiste fantasque et excessive, ne fait que passer en coup de vent, préférant se consacrer à la peinture plutôt qu’à élever et éduquer son enfant jusqu’au jour où Ernst (Denis Lavant), son compagnon, lui offre un appareil photo qui va changer radicalement son existence. Hannah décide de prendre sa fille comme modèle pour poser et réaliser des clichés érotiques. D’une enfance commune à toutes les petites filles de son âge, Violetta se prend au jeu de sa mère, s’habille comme une petite princesse et finit par devenir une véritable égérie du milieu branché parisien des années 80. Mais entre la mère et la fillette, les relations  se tendent. Hannah ne comprend pas Violetta qui ne comprend plus sa mère quand celle-ci décide de faire poser sa fille intégralement nue avec des hommes.

Pour son premier passage derrière la caméra en tant que réalisatrice de long-métrage, Eva Ionesco a choisi de parler d’elle, de raconter son enfance et montrer à l’écran et au spectateur son histoire personnelle. Les différences avec Violetta sont minces. Eva a commencé à poser pour sa mère, la photographe Irina Ionesco, dès l’âge de quatre ans avant de poser nue à l’âge de onze ans (notamment pour le magazine allemand Der Spiegel). Nous étions à  la fin des années 70, à l’époque où le phénomène du baby-porno faisait son apparition.

Le film d’Eva Ionesco a beau être le fruit d’une histoire personnelle traumatique et celui d’un projet qui a mûri pendant dix ans (entre temps, la réalisatrice française s’est consacrée à la photographie et tourné un moyen-métrage en 2006 - La loi de la forêt), il n’en reste pas moins que My little princess donne la sensation d’une expérience trop psychanalytique. Un film autarcique, replié sur lui-même, tourné vers et pour sa réalisatrice, si bien que le spectateur se sent étranger à ce qui se déroule devant lui, voire même indifférent à ce qu’Eva Ionesco a pu vivre. À part s’interroger sur les limites de la pornographie enfantine dans l’art (le film a le mérite de ne poser aucun point de vue moral sur ses personnages), My little princess s’essouffle rapidement, traine sur la  longueur avant de finir par épuiser son sujet.

 Sortie en salles le 29 juin 2011