Damages 3

Damages. (crée par Todd A. et Glenn Kessler)

Saison 3.

Boucler la boucle.

La première saison de la série judiciaire de la chaîne câblée FX avait été une excellente surprise. Incisive, prenante et parfaitement maîtrisée -que ce soit l'interprétation (magistrale Glenn Close) ou la structure en flashforwards- on restait scotché du début à la fin. Hélas, la deuxième fournée n'avait pas su transformer l'essai. Elle restait attrayante mais en voulant trop en faire, elle s'éparpillait dangereusement. Les intrigues qui n'avaient pas trouvé de conclusion dans la première saison venaient parasiter les nouveaux développements de la seconde. Le résultat était foutraque et assommant. Heureusement, cette nouvelle saison corrige ce défaut et se recentre sur ses personnages principaux. Une réussite.

Renouveler la structure.

Le flashforward, c'est assez casse-gueule. Il faut choisir minutieusement les éléments qui seront donnés au public afin de les intriguer, de leur donner envie de revenir sans trop en dire et donc éventer le mystère. Et puis, il ne faut pas que le résultat fasse trop forcé, trop gimmick (à la 24). Au début de cette saison 3, je doutais beaucoup de la direction prise par ce procédé dans la série. Mais mes craintes n'étaient pas fondées. Ils ont su renouveler leur procédé et l'intégrer de manière efficace, sans qu'il ne soit trop intrusif. Pour y parvenir, ils ont du sacrifier un des personnages principaux du show. Dès le premier épisode, on sait que Tom Shayes ne survivra pas à cette saison. On est donc impliqué et on se laisse porter afin de reconstituer le macabre puzzle. Et même si on connaît la fin, lorsque surgit enfin le moment fatal, on reste interloqué. Ils nous «offrent» une des morts les plus choquantes et dégradantes vues dans une série TV pour un personnage principal.

Le clan Tobin.

Mais l'affaire judiciaire avait été la véritable déception la saison passée. Celle qui nous occupe est beaucoup plus intéressante. Calquée sur l'arnaque de Bernard Madoff, elle suit les déboires d'une riche famille New-yorkaise qui ignorait tout des agissements frauduleux du patriarche du clan. On voit petit à petit chacun des membres s'enfermer dans une spirale de violence afin de conserver l'argent caché quitte à laisser sur le carreau les membres illégitimes du clan. A ce petit jeu, Joe Tobin sort vainqueur. Remarquablement campé par Cambell Scott, ce personnage est le plus antipathique que j'ai vu depuis longtemps. Couard alcoolique et pathétique, il prend toujours les mauvaises décisions et accuse le monde entier de ses erreurs. Détestable mais profondément humain, il est une des réussites principales de cette saison. Il faut également noter l'excellente prestation de Martin Short dans le rôle de l'avocat corrompu.

Humanisation et pattyisation.

Le cœur de Damages a toujours été la relation tumultueuse entre Patty et Ellen. On a dépassé la tentative de meurtre de la première saison et on repart sur des bases nouvelles. En écartant la seconde du giron de la première, les scénaristes les ont mises sur un pied d'égalité. Et tout au long de la saison on voit une inversion des personnalités qui se conclut sur le ponton avec chacune des deux dans le rôle de l'autre. Cette scène renvoie à celle qui concluait la saison 1. Ellen s'est détachée de son passé (le cas Frobisher est réglé), de sa famille et est donc pattyisée. Elle, au contraire, questionne son choix de vie (mort de Tom, enfant perdu) et donc se réhumanise. Et le chant du cygne se fait lancinant (la série a été sauvée après son annulation): Est-ce que tout ça valait vraiment la peine?

La saison 3 de Damages est une réussite. Elle efface les déboires de la précédente et se rapproche de l'efficacité de la première. Les scénaristes n'hésitent pas à prendre des risques et ce choix s'avère payant. La saison 4 débute cet été et plus que jamais, je serais présent.

Note: