Dans la capitale de la photographie, les voix et les sons irriguent aussi les imaginaires et creusent des sillons profonds. Chambres d'écho pour des démarches novatrices, espaces de mise en perspective de la création sonore d'hier et d'aujourd'hui, les Universités d'été de la radio, lancées par Phonurgia Nova en 1986, sont autant d'occasions pour l'oreille de se tendre plus fort, et pour la réflexion de se porter plus loin.
Tandis que les stages de formation ont débuté (ils se déroulent jusqu'au 27 août cette année), les rencontres se profilent à l'horizon, les 23 et 24 juillet. Mais aussi un parcours sonore géolocalisé dans la Ville, qui sera inauguré pendant la "Nuit de la Roquette" le 7 juillet.
Parcours sonore dans la Roquette
Phonurgia Nova prend part à la 3ème Nuit de la Roquette en proposant un parcours inédit basé sur la géolocalisation GPS des auditeurs dans ce quartier de légende. Des voix anonymes vous parlent, des scènes de vie captées dans la ville, des instantanés sonores prélevés à même le pavé, se logent au détour des ruelles sinueuses et le long des quais selon une progression à la fois scénarisée et ouverte. "L'aventure commence à l'oreille de celui qui écoute" dit le poète. Ce soir là, n'oubliez pas votre téléphone portable ! Point de départ du parcours : Théâtre municipal d'Arles. Le parcours est gratuit. Il est développé en partenariat avec le collectif Kodiz.com qui a conçu le support technologique de cette installation.
Durée : entre 30 et 45 min.
Rencontres publiques "Penser le sonore"
Depuis 1986, c'est une tradition arlésienne que d'inviter des acteurs de la scène sonore et radiophonique à faire partager leur réflexion au public. Cet été, Marcus Gammel, directeur de Klangkunst sur Deutschlandradio kultur (le 23/07) et René Farabet, ancien coordonnateur de l'ACR de France Culture (le 24/07) reviennent à Arles pour poser la question de la place du sonore dans les écritures du réel. C'est une question rarement posée. Pourtant, qu'il s'agisse de radio, de cinéma ou de spectacle vivant, impliquer le sonore revient toujours à en livrer une "lecture inventive", c'est à dire une ré-écriture, qui ne va pas de soi, mais suppose au contraire un acte de création, nullement normalisé, qui demande à être renouvelé à chaque fois.
Approfondissant certains thèmes déjà abordés par Daniel Deshays en 2007, 2008 et 2009, ces deux journées seront donc à nouveau l'occasion de questionner les fonctions signifiantes du sonore dans différents contextes artistiques et médiatiques. Le matin les intervenants proposeront un cadre théorique et historique, illustrant leur propos d'exemples puisés dans leur propre production ou dans les archives du concours Phonurgia Nova. L'après midi ils poursuivront la réflexion sous la forme d'échanges avec les participants dans le but d'aider chacun à préciser son rapport créatif au sonore. Le samedi soir, sous l'intitulé "Radio libre" une séance d'écoute non commentée est ouverte à tous les participants qui souhaitent faire entendre leurs oeuvres ou essais radiophoniques. A midi, les déjeuners pourront être pris en commun avec les invités.
Musicologue de formation, Marcus Gammel est artiste sonore, dramaturge et producteur de radio. Il dirige depuis 2009 le programme Klangkunst de Deutschlandradio Kultur à Berlin, un des foyers d'art sonore les plus importants en Europe, né il y a 15 ans, à l'initiative de Götz Naleppa. Marcus Gammel est membre du jury Phonurgia Nova depuis 2008. Co-commisaire de l'exposition Klangkunst présentée cette année à Arles, dans la Chambre d'écoute du Musée Réattu.
René Farabet est auteur, metteur en scène et producteur de radio. De 1969 (date de sa création) à 2001, il a dirigé l'Atelier de Création Radiophonique de France Culture, une émission de référence et une institution. Une dizaine d'oeuvres radiophoniques primées : Prix Italia, Prix Ondas, Prix Futura, Prix Paul Gilson, Prix de la Scam. A mis en scène Michael Lonsdale dans La Vie mode d'emploi en 1988 au Festival d'Avignon et en 1992 un Récital René Char d'après René Char. Il a publié Bref éloge du coup de tonnerre et du bruit d'ailes chez Phonurgia Nova et publie cette année Théâtre d'ondes, théâtre d'ombres, chez Champ social (Nîmes). Etienne Noiseau notait à propos de son intervention à Marseille en 2008 : " René Farabet possède une manière unique de parler du son et de la radio. Il manie une langue imagée, poétique, qui est peut-être la seule valide pour parvenir à représenter par le langage la complexité des phénomènes en jeu dans l'expression radiophonique. "
L'entrée à ces 2 journées est gratuite (mais l'inscription préalable est obligatoire). Elle s'effectue par tél. 04 90 93 79 79 ou par mail[email protected]