Je voulais visiter cette exposition depuis son ouverture en mars, et j'ai donc profité de mon escapade parisienne de jeudi pour la découvrir enfin. Avec cette rétrospective, la première jamais consacrée à ce grand nom de la mode qu'est Madame Grès, le Musée de la Mode et du Costume inaugure sa programmation hors les murs, le palais Galliera étant actuellement en travaux. Et le lieu choisi ne l'a évidemment pas été au hasard, puisque le commissaire de l'exposition, Olivier Saillard, désormais directeur du musée Galliera (il travaillait auparavant à l'Union Centrale des Arts Décoratifs et était chargé de la programmation du musée de la Mode et du Textile) a porté son choix sur le Musée Bourdelle.
Antoine Bourdelle était un sculpteur, et le musée qui lui est consacré dans le quartier Montparnasse a pour cadre ses anciens ateliers. Autant dire que ses sculptures, monumentales ou de taille plus modeste, y sont chez elles, et tout le génie de la scénographie de l'exposition consacrée à Madame Grès tient dans le dialogue entre les oeuvres du sculpteur et celles de la styliste, qui (il n'y a pas de hasard) aurait elle-même souhaité être sculpteur. Du coup, les robes, dont on ne peut qu'admirer la simplicité, le classicisme, ne déparent pas avec l'ensemble : les oeuvres de Madame Grès sont de véritables statues elles aussi, mais statues de tissu, dont la plupart sont exposées sans vitrine, afin de les rendre plus proches du visiteur.
C'est tout un pan de l'histoire de la mode qui s'expose ici, encore que "mode" ne soit peut-être pas le terme le plus adapté : en effet, le talent d'Alix comme l'appelait Worth (du nom de sa première maison de couture) est dans l'intemporel : on pourrait encore porter la plupart de ses réalisations sans avoir l'impression d'être déguisée. D'ailleurs, à musarder parmi les oeuvres avec ma robe longue taille empire et mes spartiates, je n'avais vraiment pas l'impression de détonner au milieu des robes d'inspiration antique, dont la maîtrise du drapé laisse rêveur. A noter d'ailleurs que certaines ont servi pour la mise en scène de La Guerre de Troie n'aura pas lieu.
Mon seul regret finalement est de ne pas avoir voulu m'encombrer de mon reflex, d'autant que le catalogue de l'exposition, bien que magnifique, ne rend pas compte de l'extraordinaire scénographie, les robes exposées étant photographiées individuellement dans un espace neutre. J'ai donc fait toutes mes prises avec mon i.phone, je suis donc un peu déçue par la qualité, car les photographies ne rendent pas justice aux jeux d'ombres et de lumières et aux perspectives. Mais je vous ai tout de même préparé un diaporama pour vous donner une idée, mais évidemment rien ne remplace une visite, d'autant que l'exposition, qui connaît un véritable succès, est prolongée d'un mois :
Je vous invite également à jeter un oeil à ce reportage réalisé par ARTE :Madame Grès, la couture à l’oeuvre
Du 25 mars au 28 août 2011 au Musée Bourdelle
16, rue Antoine Bourdelle, Paris 15e (Métro Montparnasse/Bienvenüe)
Commissariat: Olivier Saillard, Laurent Cotta, Sylvie Lécallier
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h sauf jours fériés
Plein tarif 7 euros