Cela n'aura échappé à aucun amateur de rugby, samedi dernier, les Queensland Reds ont battu les Crusaders de Canterbury en finale du Super15. Le match fut intense, incertain, et le fameux "temps de jeu effectif", graal du rugby moderne, a grimpé à 45 minutes. Une forme de record, à n'en pas douter.
Dans ce qui peut apparaître comme une répétition des joutes prochaines, qu'elles soient "régionales" (Tri-nations) ou "mondiales" (Coupe Webb-Ellis en septembre), la paire de demis Australiens Genia-Cooper a donc pris l'avantage sur le duo Carter-Sonny Bill Williams.
Au milieu des cris d'extase poussés par les thurifaires devant le spectacle de ce "super rugby" aux antipodes de notre pauvre jeu hexagonal, il est possible de trouver sinon quelques motifs d'espérer, du moins la confirmation que l'ovalie de l'hémisphère sud n'a pas vraiment fait la preuve de la supériorité de son modèle.
Certes, ce rugby va vite, très vite. C'est indéniable. Il est également plus athlétique, ou plus précisément plus intense. Le ballon circule rapidement, les rucks offensifs sont gérés avec une précision et une efficacité remarquable. Mais encore ?
On a eu le sentiment d'un jeu faisant la part belle aux individualités, et on reste dubitatif sur la capacité de ces équipes à rivaliser dans les phases de conquêtes avec ce qui se fait de mieux en Europe et en Afrique du Sud. Sur ce plan, la supériorité intrinsèque (et en terrain humide aussi, pourrait ajouter le grand Walter) des équipes du nord pourrait bien rééquilibrer quelque peu la balance. D'autant qu'un autre facteur, non négligeable, est à prendre en compte : celui de la pression.
Encore une fois, les Dan Carter et autres Richie McCaw ont perdu un match à enjeu. Ce fait, relevé avec appréhension par la presse néo-zélandaise, interroge sur la capacité des Blacks à gérer l'immense attente du peuple kiwi.
Evidemment, les carences du sud en matière de jeu statique n'est pas neuf, et cela n'a pas empêché les deux meilleurs formations mondiales du moment de dominer copieusement les sélections européennes ces derniers mois. Qu'on se rappelle pourtant que le dernier succès Australien en coupe du monde, en 1999, a notamment reposé sur une conquête et un pack conquérant. Et que les derniers champions sacrés, l'Angleterre et l'Afrique du Sud, ont batti leur succès sur un pack énorme.
Le prochain Tri-Nation va sans doute apporter quelques lumières sur cette question. Et peut-être apporter une (petite) lueur d'espoir aux outsiders du mondial, encore bien loins, avouons-le, du niveau général atteint par les favoris de la compétition mondiale.
Rien de neuf sous le soleil, finalement.