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USA, les soviets unis d'Amérique selon Assange

Publié le 09 juillet 2011 par Edgar @edgarpoe

Au moment de l'affaire Assange/Wikileaks, certains ont ressorti son premier blog. Je suis tombé par hasard sur un excellent billet de 2007.

Assange est brillant, et violent, sur les aspects liberticides de la vie dans des grands groupes.

Je me contente de traduire.

Des états unis d'Amérique ?

 Il est couramment remarqué que nombre de grands groupes ont un chiffre d'affaires qui dépassent le PIB de plusieurs pays. Il est moins fréquemment noté que cela se vérifie également pour la population (nombre d'employés).

 Etonnamment, cette analogie n'a jamais été poursuivie.  Pourtant, cela concerne tant d'employés que la comparaison mérite d'être creusée : quelle sorte d'états sont les grands groupes ?
Quand on compare des pays, après le PIB et la population, on compare fréquemment les institutions, le gouvernement et les libertés publiques dont jouissent les populations.
Les grands groupes en tant qu'états ont les caractéristiques suivantes :
 - il n'y a pas de droit de vote sauf pour les propriétaire terriens ("actionnaires"), dont le droit de vote est proportionnel à la surface de terrain détenue ;  
 - tout le pouvoir exécutif vient d'un comité centralisé. La représentation des femmes est presque nulle ; 
 - il n'y a aucune séparation des pouvoirs. Pas de quatrième pouvoir, pas de jury et de présomption d'innocence ;

- toute désobéissance vaiut exclusion immédiate ;
- il n'y a aucune liberté d'expression. Pas de droit d'association. L'amour est interdit sans autorisation ;

- l'économie est planifiée de façon centralisée ;

- il y a une surveillance généralisée des actes et des communications électroniques ;

- la société est fortement administrée, avec des contrôles stricts, au point que nombre de salariés ne sont pas libres du moment, de l'endroit et du nombre de fois où ils doivent passer aux toilettes ;

- il n'y a aucune transparence et pas de droit à l'information ;

- il n'y a qu'un parti autorisé. L'opposition est exclue, surveillée ou marginalisée chaque fois que cela est possible.

Ces grands groupes, bien que disposant d'un PIB comparable à celui du Danemark, de la Belgique ou de la Nouvelle Zélande, sont très loin d'être au même niveau en termes de libertés publiques. Ils ressemblent plutôt, du point de vue de leur organisation, à l'Union soviétique dans les années 60.

C'est encore plus frappant quand ces groupes opérent dans des états faiblement régulés (par exemple en Corée du Sud ou en Papouasie). On peut, là, observer la réalité de ces groupes, sans les reflets d'états plus civilisés. 

Si l'on exclut les PME et les organismes non lucratifs des Etats-Unis d'Amérique, que reste-t-il ? Une sorte de fédération d'états communistes. Des soviets unis d'Amérique.

Ce serait à moduler en fonction des pays et des groupes (Essilor a, par exemple, un système de vote de confirmation des dirigeants, ouvert aux cadres uniquement.) Mais dans l'ensemble, c'est assez juste : nous passons, comme salariés, notre vie dans des univers dont, en tant que citoyens, nous devrions haïr les principes... 

Et de ce point de vue d'ailleurs, la propriété publique ou privée des capitaux ne modifie pas grand chose. L'Allemagne a un système de cogestion intéressant, la France avait eu, avec le PS au début des années 80, des velléités de démocratisation de la vie en entreprise, mais tous ces débats semblent oubliés (je gage que s'il ya un jour un statut de la société européenne, il sera tout ce qu'il y a de plus régressif). Aujourd'hui, quand le Wisconsin entend limiter les droits syndicaux avec des moyens abracadabrantesques, l'info est peu reprise en France.

Il faut dire qu'en matière d'agression envers les libertés publiques, l'état européen en construction est évidemment bien plus dangereux que le pouvoir des grands groupes.


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