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Prix des lecteurs de l’Express 2011
L’auteur :
Silvia Avallone, avant d'étudier la philosophie à Bologne, a vécu en Toscane, à Piombino, la ville industrielle qui sert de toile de fond à D'acier. À 25 ans à peine, ce premier roman la propulse en tête des meilleures ventes en Italie (350 000 exemplaires). Célébré par la critique, traduit dans 12 pays, en cours d'adaptation au cinéma, D'acier a été finaliste du prix Strega et couronné par le prix Campiello Opéra Prima. En France, il vient d’obtenir le prix des lecteurs de l’Express 2011.
L’histoire :
Il y a la Méditerranée, la lumière, l'île d'Elbe au loin. Mais ce n'est pas un lieu de vacances. C'est une terre sur laquelle ont poussé brutalement les usines et les barres de béton. Depuis les balcons uniformes, on a vue sur la mer, sur les jeux des enfants qui ont fait de la plage leur cour de récréation. La plage, une scène idéale pour la jeunesse de Piombino. Entre drague et petites combines, les garçons se rêvent en chefs de bandes, les filles en starlettes de la télévision. De quoi oublier les conditions de travail à l'aciérie, les mères accablées, les pères démissionnaires, le délitement environnant... Anna et Francesca, bientôt quatorze ans, sont les souveraines de ce royaume cabossé. Ensemble, elles jouent de leur éclatante beauté, rêvent d'évasion et parient sur une amitié inconditionnelle pour s'emparer de l'avenir. (Présentation de l’éditeur)
Ce que j’ai aimé :
- Silvia Avallone a un talent indéniable pour nous happer dans son univers en quelques touches seulement. Dés les premières pages, elle nous plonge dans cet univers estival et nous fait ressentir les tensions sexuelles gravitant autour de ces deux jeunes filles débordantes de vie et de beauté.
- La peinture acide de cette jeunesse hésitant encore entre le monde naïf de l’enfance dans lequel rien ne porte à conséquence et le monde adulte, âpre, est magistralement bien rendue. De plus l’intimité des familles est suggérée sans jamais sombrer dans le pathos, comme pour mieux montrer que ce qui se passe derrière les portes closes ne regarde que ceux qui subissent. La vision de cette cité métallurgique est assez sombre, les mères de famille qui rêvent de s’abstraire de cette pesanteur baissent les bras, les pères sont ou violents ou démissionnaires, les jeunes filles aux rêves de starlette basculent dans des univers troubles, et les jeunes hommes s’obstinent à rester attachés à cette usine quand ils n’optent pas pour des trafics louches.
- Malgré cela, l’ensemble est lumineux, éclairé par l’amitié de ces adolescentes incandescentes.
« Qu’est-ce qu’elle aurait pu lui dire, de toute façon ? Les mots, ça ne répare jamais rien. » (p. 281)
Ce que j’ai moins aimé :
- Je reconnais quelques caricatures (l’Elbe considéré comme l’eldorado tant désiré, Lisa, son physique ingrat et sa sœur handicapée…) mais elles se fondent finalement dans l’ensemble de l’histoire et se font oublier subtilement…
Premières phrases :
« Dans le cercle flou de la lentille, la silhouette bougeait à peine, sans tête.
Une portion de peau zoomée à contre-jour.
Ce corps, d’une année sur l’autre, avait changé, peu à peu, sous les vêtements. Et maintenant il explosait, dans les jumelles, dans l’été. »
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D’autres avis :
Amanda, Yves
Merci à Yves de me l’avoir offert…
D’acier, Silvia Avallone, Traduit de l’italien par Françoise Brun, Liana Levi, avril 2011, 386 p., 22 euros