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Un court récit lumineux
L’auteur :
Jens Christian Grondahl est né à Copenhague en 1959. Il a publié dix romans et est unanimement considéré comme l’un des meilleurs écrivains de sa génération.
L’histoire :
Nous sommes en 1943, et les bruits de la guerre n'épargnent pas même cette grande demeure bourgeoise construite au bord de la mer du Nord. Ses propriétaires, un couple sans enfants, accueillent leur jeune neveu de quatorze ans, mais aussi la fille adolescente de la couturière de Madame, pour la mettre à l'abri des bombardements qui menacent Copenhague. Lorsqu'un avion s'écrase non loin de là dans les dunes, un drame silencieux va se nouer entre les deux adolescents et un pilote britannique...
Ce que j’ai aimé :
En quelques mots, quelques pages, quelques chapitres, grâce à un style lumineux et fluide, l’auteur nous emporte dans son univers, et nous love confortablement dans sa narration. Il nous retient ensuite par cette histoire si banale qu’elle en devient universelle : un été, deux adolescents innocents, la guerre, un acte accompli impulsivement, comme tant d’autres actes de nos vies, des conséquences perdues dans les filets du temps… Il nous surprend enfin avec une chute en totale cohérence avec l’ensemble de l’histoire, une chute humaine et rédemptrice.
“Et il s’est passé bien des choses dans mon existence dont je n’ai pas parlé ici, et qui sont sans rapport avec ce qui s’est déroulé cette été-là pendant la guerre. Mais peut-être ne sont-ce pas les causes que l’on recherche lorsque l’on tente de débrouiller l’écheveau d’une existence, cet embrouillamini de fils que sont les rencontres, les moments partagés et les adieux, les pactes et les séparations, les rêves enfouis, les promesses rompues et oubliées et les occasions inattendues. Tout ce que l’on a vécu et éprouvé, parfois dans la détresse, parfois dans l’allégresse, mais, le plus souvent, dans l’indifférence.
Oui, peut-être cherche-t-on autre chose que des explications, car comment parviendrait-on à obtenir la célèbre synthèse à partir des dons et des tares innés, à partir de ce chaos de circonstances et de hasards ? Peut-être ce dont on tente de s’approcher à nouveau est-il beaucoup plus simple et à la fois plus impénétrable. Je dis « à nouveau », car il s’agit bien de retrouver quelque chose. Quoi ? Je crois qu’il s’agit d’une base, d’un fond commun à ces images des ans et à ces souvenirs, à tous ces éclats et ces fragments de vie vécue. » (p. 97)
Et c’est ainsi que l’on referme délicatement ce petit livre, parce que l’on sait soudain que l’on tient dans nos mains un petit bijou fragile…
Ce que j’ai moins aimé :
- Rien, je vais poursuivre mon exploration dans l’œuvre de cet auteur, c’est certain…
Premières phrases :
« On ne s’habituait pas au bruit, à ce bourdonnement lointain de moteurs d’avions qui passaient très haut dans la nuit. Il faisait chaud sous le plafond en boiserie des combles, et elle laissait la fenêtre entrouverte. »
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Je remercie Bruno, un lecteur de ce blog qui a attiré mon attention sur ce petit bijou…
Virginia, Jens Christian GRONDAHL, Traduit du danois par Alain Gnaedig, Gallimard, 2004,11 euros
POCHE : Virginia, Jens Christian GRONDAHL, Traduit du danois par Alain Gnaedig, Folio, 2006, 114 p., 6.20 euros