Éreinté, je m'allonge sur le lit et fixe le plafond. Je n'ai même pas envie de ramasser le vomi qui maintenant, a définitivement scellé les pages de la revue Oldoncar's. Je m'allume une cigarette et me met à rêver, partir très loin où l'idée d'une fuite en avant ne serait pas une fuite lâche, un caprice d'adolescent, mais plutôt quelque chose de mûrement réfléchi... Le constat est tout de même flagrant : La pomme est pourrie, mais refuse de tomber de l'arbre.
MORGAN STREET
Lorsque je suis parti de France, il y a de cela maintenant trois ans, j’avais trouvé une place chez Azox ID à
Chicago (Illinois) spécialisée dans les logiciels de jeux pour les particuliers et entreprises nippone, surtout. À l'aéroport Charles de Gaulle, je me disais :
Tu vas leur faire voir ce qu'est un vrai Frenchie ! ...Tu parles, déconfiture en un an ( je leur ai fait voir ce qu'était un vrai frenchie, en effet, c'était à se demander si je n'avais pas une merde de clébard collée constamment sous la semelle de ma chaussure droite ! J'avais juste eu le temps de profiter de mes salaires sans même pouvoir épargner ne serait-ce qu'un dollar. Quelques menaces de mort de la part des anciens employés de la boîte m'avait rendu vite paranoïaque. Ils avaient tout fait pour que je dégage rapidement de mon appartement de fonction ( jets de cailloux dans les vitres, coups de pieds dans ma porte d'entrée à trois heures du matin et lettres anonymes avec schémas me montrant les rues, clubs et sex shop que je fréquentais). Lassé, j'avais préféré partir et prendre une chambre au cœur de « Morgan street ».