Où parfois on regrette de ne pas porter de blouse blanche
Bébé dort enfin... sur le ventre en mode grenouille... du coup, j'ose pas trop dormir non plus... Y a toujours cette petite voix qui vous dit " et si jamais il s'étouffe ? ". On vous culpabilise tellement quand vous les laissez dormir sur le ventre ou le côté... Que vous en venez à réveillez votre enfant pour le faire dormir sur le dos pour éviter la mort subite du nourrisson. Sauf que vous faites cela une fois... et quand vous le voyez pétez un cable et se mettre rouge de colère parce que non, décidemment sur le dos, il n'aime pas cela... Vous ne réitérez pas !
A tord ou à raison d'ailleurs.
15 jours environ que je suis sortie de la maternité et je commence seulement à me remettre. Si j'ai passé mes 5 mois de grossesse ( pour moi, y a eu que cinq mois ! ) sans me plaindre et à être en forme. Après l'accouchement, c'était plutôt l'inverse. En fait, ca fait un sacré mal de chien, et je digère doucement. J'ai beau me dire " les études disent que... " ca empêche pas que quand vous êtes patiente, et que vous réclamez de la codéine parce que le paracétamol ca ne fait rien. Et que si ca ne tenait qu'à vous, avec une EVA à 6/10 ca fait un bail que vous auriez pris en automédication de l'ibuprofène ou de la codéine... vous enragez qu'on ne vous donne rien de plus fort.
Et ma soeur de rigolez en disant : " un jour où j'avais mes règles, j'ai pris le traitement de 1gr que je donne aux patients sortant de chirurgie. Et bah je comprends beaucoup mieux pourquoi ils ont toujours mal, ca ne m'a rien fait du tout ! ".
Je confirme. Le paracétamol en suite de chirurgie ca ne fait rien !!! C'est comme prendre un placébo et prier pour qu'il fasse effet !
En tant que patiente, y a eu les débuts difficiles. Notamment avec le premier echographe qui aurait donné à n'importe qu'elle jeune femme qui veut avorter l'envie de se suicider sur la rame de métro la plus proche. Avec mon amie on était juste attéré qu'un médecin se comporte comme un enfoiré de première. Faut dire lui, il a fait la totale " Merde ! Ma machine elle est pas adaptée à votre grossesse ! - ce qui veut dire ? - vous avez passez le délai. Voyez le bon côté des choses, vous êtes fertile ! " ou encore " Y a un papa ? - non, il est recasé depuis un moment - appelez le et dites lui " bonne année chéri, tu sais quoi t'es papa " " Et de terminez l'entretien désastreux par un " passez un bon réveillon ! " On l'aurait tué pour moins que cela !
Y a eu l'arrivée à la maternité, le jour de mon partiel de neurologie ( avant c'était les fêtes et le week end ! ) et la secrétaire qui me dit " à la maternité, faut pas être pressée " Certes, enfin, personne vous donne le mode d'emploi pour vous dire quoi faire quand vous êtes enceinte. Et puis, vous vous sentez seule...
Et là, vous rencontrez une autre secrétaire... et elle c'est la première à vous écoutez... et pour le coup, vous comprenez le bien que vous faites au patient quand vous leur accordez un peu d'attention. Vous savez qu'ils vous mettrons dans une case boulot. Mais savoir que cette personne chaque mois vous accueil avec le sourire, vous parle chaleureusement, et demande de vos nouvelles... Ca vous soutient. Et pour un patient, parfois c'est juste ce qu'il faut.
Surtout quand on est pas du genre à demander de l'aide.
Après cela, y a eu le " chantage au psy " : " je vous recois au prochain rendez vous si vous contactez la psy du service ". Durant toute mon enfance, j'ai échappé au psy ! On a toujours voulu m'y trainer, le summum fut probablement quand j'ai annoncé que je voulais faire légiste et que mes proches ce sont rendus compte que je décriptais un peu trop bien les séries policières à leurs gouts et que parlez comme une criminelle les faisait légèrement flipper. Ce qui sommes toutes n'est pas ma faute si je comprends mieux les motivations des sérials killer ou des spree killers que les intrigues romantiques que les filles mettent en place pour séduire les hommes. Ca c'est du vrai chinois pour moi !!!
Au final, j'adore ma psy. J'imaginais cela avec mes cours de médecine et de kiné comme étant l'entretien typiquement freudien où on s'allonge sur un canapé pour parler. Et en fait, on s'assoit l'une en face de l'autre et on parle. Et ce qui aide c'est les questions qu'on vous pose, leur direction parfois inatendue, ou encore les remarques sur les mots que vous choisissez d'employez. Cela permet de faire de l'introspection sur un angle nouveau.
Et finalement, je crois que j'aurai moins de culpabilité à l'avenir à dire à un de mes patients de consultez un psy. J'ai toujours eu du mal à proposez le psy du service à certains patients qui en avaient sérieusement besoin. Je me disais " ils le prendront mal " ou " le psy ca fait tache, genre j'ai un problème et je ne peux pas le résoudre seule ".
Du coup, j'ai changé de regard à ce sujet.
Après cela, y a eu les stagiaires... J'en ai vu beaucoup. Et en tant que stagiaire kiné moi même, je ne refusais jamais leur présence. Que ca soit un stagiaire flic ( original, mais intéressant ), sage femme, infirmier, éducateur social...
La vie de stagiaire n'est pas toujours facile.
Alors autant être sympa quand onest patient.
Du coup, j'en ai rencontré une notamment vraiment adorable. Je regrette juste de ne pas me souvenir de son prénom. Parce que cette jeune fille, elle a été super chouette avec moi. Elle aurait pas été là, le jour de l'accouchement, je me serais sentie abandonnée totalement par l'équipe médicale.
Faut dire, j'allais à l'hopital tous les jours et on me disait " c'est pas pour maintenant ". Et quand j'ai demandé si c'était possible que je ne sente pas les contractions le jour J, on m'a dit " mais non, aucun risque ". Ouais... c'est cela. On repassera !
C'est comme quand vous intérrogez les femmes de votre entourage sur ce que c'est les contractions. PERSONNE NE SAIT vous répondre !!!
Et bien moi je vais vous dire : imaginez la pire douleur que vous pouvez ressentir, multipliez cela par 10. En un mot, c'est les règles les plus douloureuses que vous pourriez avoir comme si on vous rongeais le ventre de l'intérieur.
Je croyais avoir tout expérimentez niveau douleur et être sacrément coriace... Le jour J, quand je me suis retrouvez d'un coup, avec des contractions toutes les 5 minutes alors que j'en avais jamais eu, que je n'avais jamais eu de fausses contractions perceptibles... J'ai juste flippé. Et là, vous êtes au bord des larmes et il faut tenir bon !
Et bien sur, vous tombez aux urgences sur une connasse blonde ( désolée mais faut dire ce qui est : l'amabilité chez certaines... faut repasser ! ) qui trouve rien de mieux que de dire aux brancardiez alors que vous suffoquez " mettez là debout ". Ou encore " on n'a pas de place " et faut que les brancardiez insistent parce que les contractions sont toutes les 2 minutes, pour que vous soyez dans une chambre sordide pendant laquelle les minutes paraissent des heures avant que quelqu'un daigne s'intéressez à vous.
Et là, l'équipe médicale vous la maudissez.
Parce que vous avez peur, vous savez pas après tout si c'est des contractions, si c'est normal d'avoir mal comme cela, si tout va bien pour le bébé...
Et y a personne de présent. Personne pour vous rassurez ou prononcez les paroles connes que vous dites aux patients en stage du genre " votre genou va plier progressivement, vous n'êtes qu'à 3 jours de la pose de votre prothèse, faut être patient "
Du coup, cette stagiaire quand elle a débarqué, ca été le soulagement total. Parce qu'on a enfin l'impression qu'y a quelqu'un de sympa qui ne se contente pas de croire que vous faites du cinéma. Surtout que c'est absolumment pas mon genre. Et là, j'en étais à vouloir défoncer le mur de l'hopital à coup de poing si ca pouvait faire passer la douleur. Du coup, elle est restée avec moi jusqu'à la fin de son service. Repassant par intermittence ( oui, elle est quand même stagiaire et je ne devais pas être son seul patient ) pour parler.
Et mine de rien, du coup, parler sage femme, kiné, ou juste la vie en général ( forcément, votre dossier il n'est pas confidentiel... et il comporte nombre de choses... confidentielles ^^ ) c'était un moyen de gérer la douleur.
Ainsi je lui ai demandé son avis sur la prise en charge post accouchement par les sages femmes versus kiné. Et j'ai apprécié son point de vue selon lequel nous ne connaissons que le périné théorique. Qu'on n'a pas assez fait de toucher vaginaux ou rectaux pour savoir ce qu'on a sous les doigts. Qu'elle, elle est capable de dire que le périné a subit des traumatismes, qu'il est distendu, qu'il est fort. D'après elle, en tant que sage femme, y a un sacré avantage sur la réeducation du périnée. Notamment quand les kinés se contentent de faire de l'instrumental ( biofeedback notamment ) plutôt que du manuel. Selon elle, les deux doivent être fait. Le manuel pour une meilleure prise de conscience et pour savoir ce qu'on a sous les doigts. Et l'instrumental dans une optique de renforcement.
Après quand l'équipe de nuit est arrivée, cela a juste été trop bien !
Sérieusement, même dans les moments un peu angoissant parce que le bébé allait pas bien... C'était chouette.
L'équipe s'entendait tellement bien que j'avais l'impression d'être en réa pédiatrique ( le seul service où j'ai vu une osmose totale entre les professionnels de santé ).
Chacun se vanait... et du coup, à me prendre à parti, j'ai mis en boite le chef de service et la sage femme qui s'occupait de moi. En fait, je me comportais comme je l'aurais fait en stage probablement. Je posais des questions médicales quand je ne comprenais pas. Et si on me tendait une perche, je saisissais l'hamecon et je lachais pas prise.
Ce jour là, j'ai vraiment apprécié les médecins. C'est assez rare que j'apprécie les médecins, ou du moins que je leur reconnaisse une dimension humaine et pas seulement technique. Mais pour le coup, ce médecin chef avec ses beaux yeux marrons ( avec le masque on ne voit que cela ! ) il m'a guidée d'un bout à l'autre, et il me parlait gentilment.
Même l'anesthésiste et l'externe étaient adorables. Ce qui faisait rire ma soeur parce que je pouvais pas m'empêcher d'y aller d'un commentaire du genre " il est sacrément mignon celui là " dès que l'un d'eux sortait de la chambre.
On se console comme on peut ! Et c'est pas parce que je ne suis plus sur le marché, que j'ai plus le droit de mater même en étant mère célibataire.
Le must c'est quand ils vous mettent dans cette position humiliante et abjecte et qu'ils vous demandent " ca va ? " " euh non " " vous avez mal ? " " non. " " ? " " c'est psychologiquement dérangeant ". Et là, vous vous rendez compte qu'au bout d'un moment, les médecins sont blasés.
Finalement, comme nous quand on entre à l'école de kiné. La première fois qu'on doit se mettre en mayot, ou qu'on fait une abduction de hanche... c'est l'angoisse. La pudeur. Le mal être.
Et avec le temps, quand vous faites les magazins, vous en venez seulement, à si y a trop de monde dans les cabines à vous changez dans les allées sans complexe parce que finalement " un corps, c'est un corps " et ca n'a rien de sexuel, ou de dégradant.
Du coup, pour eux, là aussi c'était normal. Alors que si pendant une grossesse, le mot " toucher vaginal " est anodin. Vous passez entre tellement de mains... de doigts dirons nous, que au final vous vous y habituez et vous ne ressentez plus ni gène, ni sensation de violation de votre intimité. Cela devient un acte banal et médical.
Et là, aussi malgré le fait que ce soit médical, la position a de quoi faire rougir surtout quand y a 7 personnes du milieu médical dans la salle de travail !
Si j'ai retenu un truc : la péridurale est une invention de génie. C'est incroyable de sentir et en même temps de ne pas avoir mal ( facon de parler, le coup du fist et du forceps j'ai pas apprécié du tout ! ).
Et dire que je voulais rentrer dans les stats de l'hopital des gens qui n'en prennent pas.
Je dois avouer que vu la douleur sous péri pour certaines techniques... Sans péridurale ( sans parler des contractions ) j'aurai jamais pu gérer.
C'est là que vous prenez conscience d'une chose fondamentale : sans les médecins obstétriciens ( voire les sages femmes ), je serai morte en couche au siècle dernier et mon bébé avec.
Et ca, ca fait un sacré choc de s'en rendre compte.
Dommage qu'après je sois passée par l'étape " service de nuit à l'étage ". Parce que j'ai pas du tout, mais pas du tout apprécié les deux premières nuits. Et ma voisine de chambre non plus. Toutes les deux on s'est dit qu'il y avait de l'abus. Et que certains professionnels n'ont pas leur place dans les services de nuit. Pas assez d'humanité. Alors que c'est toujours la nuit que c'est le plus délicat.
Je suis arrivée, on m'a pris mon bébé... sans rien me dire pour me le rendre une heure après. C'est un truc que j'ai détesté. De ne pas savoir ce qu'on lui fait, pourquoi on te le prend... Déjà que tu n'as pu le voir en l'espace de 4 heures qu'une petite heure. Te le prendre, et ne rien te dire... C'est juste paniquant ! Allez dormir dans ces conditions.
Et puis, y a toujours des moments " humiliants " ou demandez de l'aide, ou demandez conseil... ce n'est pas évident. Après tout, vous êtes jeune en bonne santé... et y a des choses délicates pour lesquelles il est dégradant de devoir appelez à l'aide.
Et la moindre des choses c'est d'avoir un visage accueillant en face de vous.
Pour éviter de vous sentir plus minable.
Heureusement, on a eu après cela un service de nuit extra. Là encore, je regrette de ne pas me rappeler le nom de la gentille black qui s'est occupé de nous. Quand vous tombez sur des perles dans le milieu médical vous aimeriez vous souvenir des prénoms. Plutôt que des visages.
Du coup, globalement en tant que patiente, je dirais que l'on se sent parfois bien seule et invisible. Les gens circulent autour de vous en blouse, sans vous pretez attention, ni dire " bonjour ". Vous pourriez parfois rester des heures sur une chaise sans que personne ne s'interroge de votre présence ici. Parfois vous tombez sur des gens peu humains qui veulent appliquez des protocoles à la con stricto sensus alors même que l'on demanderait un peu plus de compassion.
La bouffe est dégueulasse... Et surtout, il est stupide de servir le petit déjeuner à 10h et le déjeuner à 12h et ne parlons pas du repas du soir à 18h. Mais le plus abhérant reste le ptit déj. Quand vous avez un enfant à vous occupez c'est à 7h que votre estomac gronde.
En tant que maman, je me suis découvert une " zen attitude ". Et faut croire que cela m'a servie car je suis passée au travers du fameux baby blues. J'ai explosé les records de visite en maternité avec 20 personnes en trois jours. Et je me suis très bien entendue avec ma première voisine de chambre. Avec la deuxième, son mari bien trop propre sur lui et pédant à souhait, m'a vite soulée.
Du coup, voilà, bébé et moi on est revenu " à la maison ". On commence tout juste à trouver un rythme. Le matin est bien orchestré. La nuit beaucoup plus chaotique. Et la journée, on sort souvent. Y a beaucoup de choses à régler. Mais aussi, j'ai besoin de me confronter à une réalité, sans forcément perdre mes habitudes de vie. Je ne veux pas être de celles qui disent que leur bébé a gaché leur vie. Ou qu'elles se sont sacrifiées pour lui. Certes on peut faire certains choix. Mais si on est pas heureux, l'enfant ne l'est pas non plus. On l'apprend vite en grandissant, faut juste ne pas le perdre de vue quand on est parent.
Ainsi j'ai expérimenté le coup de la " mère indigne ". Vous savez cette mère que vous regardez avec des gros yeux et l'envie de dire à son mioche de se la fermer parce qu'il pleure et que vous êtes dans un magazin, un transport en commun... etc.
Cela surprend quand cela vous arrive. Vous êtes dans ce rôle que vous avez tant de fois jugé, et vous etes tout autant embarrassez que c'est maman là. Le secret c'est de rester calme en attendant que la crise passe.
Physiquement, je ne pense pas récupérer de si tôt.
Grosso modo j'utilise majoritairement mes jambes ( je finirais arthrosique avec le temps ) et les positions fondamentales. Car j'ai vite compris que je n'avais plus d'abdominaux. Et un périnée hors d'usage qui même s'il assure ses fonctions, ne répond plus comme avant à la contraction volontaire. Et que grosso modo, je me demande comment il peut récupérer de ses cicatrices... Moi, ca me donne juste l'impression d'un morceau d'emmental rongé par une souris. Mais, le plus génant c'est les abdominaux superficiels. Au quotidien ils font vraiment défaut. Et on se rend compte alors de leur importance dans la vie de tous les jours.
Quant au reste, tout le monde me dit que je suis jeune que je vais récupérer. Mais, je pense que la sage femme a raison, je ne récupèrerais pas tout. 10 kilos en trop, une peau de vieille grand mère déséchée aux reflets indigo. Et pour seule consolation, une poitrine qui habillée vous donne le sentiment d'être bien foutue !
Enfin voilà.
Sinon, je lis actuellement les livres de De Gasquet sur la grossesse et les suites de couches. A l'heure actuelle, je dirai qu'il est impossible de suivre ses recommandations quand vous êtes une mère seule. Et que même mariée ou en couple, je ne crois pas que ce soit gérable avec la vie moderne que l'on a. Cependant, je pense qu'il y a énormément de bon dans ses ouvrages.
Toutefois, je dirai que la " fausse inspiration " pour faire travailler le transverse ( enfin les transverses : selon certains auteurs y en a deux ) de l'abdomen est vraiment efficace et impressionnant.
Cependant, vivement que je puisse reprendre du sport...
Kath.