10 épisodes de la série X-Factor, éditions Panini comics (février 2011).
Résumé : Peu de temps avant que les X-Men ne rassemblent les mutants sur l’île qu’ils ont rebaptisée Utopia, les membres de Facteur X avaient fort à faire : Layla Miller avait été projetée dans le futur en compagnie de Madrox et à eux deux ils avaient aidé la rébellion mutante initiée par Scott Summers et sa fille Ruby à se mettre en place. Parallèlement, dans le présent, un certain Cortex s’en prenait aux autres membres du groupe, bien décidé à les éliminer…
Une chronique de Vance
Décidément, Peter David est un auteur majeur de la scène super-héroïque. Ce qu’il a réussi à faire sur la série Hulk dont il a été pendant des années le scénariste attitré était déjà monumental, mais il a montré avec la série X-Factor une facilité dans les développements des personnages et des intrigues qui force l’admiration. Sur un ton faussement léger grâce à des dialogues vivants et enjoués ponctués de nombreuses blagues dans l’air du temps (rarement un groupe de super-héros n’est apparu aussi « humain », on est loin des discussions pontifiantes de la plupart des épisodes récents des X-Men) et tout en assimilant des sujets graves (racisme, féminisme, homophobie et xénophobie), il sait ménager des séquences enlevées dans lesquelles les mutants en question font souvent un usage original de leurs pouvoirs. Mieux, dans les 7 épisodes de la série précédant « Nation X #1 » de mars 2010, il s’évertue à construire des intrigues parallèles jouant sur trois espaces temporels. Refusant la simplicité, il nous fait progresser au travers de révélations disséminées avec parcimonie, laissant au lecteur le soin de reconstruire les schémas narratifs en s’immergeant dans l’échevau des intrigues.
MONET : Sauver quelqu’un, c’est plus compliqué que taper des méchants.
De fait, lorsque on se lance dans ce « Monster », on se retrouve un peu perdu : on est loin des one-shots ou des mini-séries complètement indépendantes, fonctionnant avec un minimum d’informations fournies dans l’éditorial. Ici, il s’agissait de publier en une fois des épisodes qui n’avaient pas trouvé place dans les magazines à l’heure de Necrosha X et d’Utopia. Les premières pages nous présentent un Cortex dépité, répondant aux questions de son employeur qui se situe 80 ans dans un futur où Madrox fait des siennes (essayant de convaincre un Fatalis sénile de participer à la rébellion mutante), tandis que Rictor et Shatterstar s’embrassent ( !) et qu’une Monet St-Croix possédée tente de se débarrasser d’Armando/Darwin. Il faut faire appel à de lointains souvenirs pour tout remettre en place.
Il y aura toujours des hommes qui traiteront leurs frères comme des bêtes. Car l’humanité et l’inhumanité vont de pair et résistent au temps qui passe.
Mais on s’y fait, car c’est vif et incisif. Valentine de Landro signe les dessins de la plupart des épisodes, insistant sur des gros plans expressifs et des grimaces significatives. Ce bel ensemble se gâte toutefois ensuite : l’arc sur l’enlèvement de l’Invisible s’articule sur des éléments un peu grossiers et la tournure générale prend des allures parfois parodiques qui créent un hiatus sensible avec la gravité de l’épisode de Nation X où Cyclope présente le projet Utopia à la bande de Jamie Madrox, reconstituée pour le meilleur et pour le pire. Dans l’intervalle, on aura enfin appris l’origine du savoir de la mystérieuse Layla Miller, celle qui sait tout.
Bref, c’est très dense bien qu’un peu inégal : le talent de Peter David tire la série vers le haut et on regrette à peine de ne pas profiter de dessinateurs plus exubérants.
Ma note : 4/5