Harry's Law: Saison 1
A l'heure où tout le monde fait le bilan de la saison écoulée et que la saison estivale commence, qui aurait cru que Harry's Law figurerait dans ma courte liste de bonnes surprises? Certainement pas moi qui n'avait pas spécialement été emballé par le pilot, à l'inverse de ceux de Shameless et Fairly Legal. Au bout du compte, ce sont ces deux dernières que j'ai abandonnées au profit de cette chère Harriet Korn, prenant à chaque épisode plus de plaisir à suivre les tribulations de son improbable cabinet d'avocats improvisé en banlieue de Cincinnati. Les débuts n'auront pas été parfaits, c'est vrai, mais 12 épisodes plus tard, je suis conquis. Retour donc en 10 points sur une 1ère saison imparfaite mais efficace.
2. Les questionnements d'Harry. Dus également à l'inexpérience d'Harry dans la banche pénale, mais aussi à sa vieillesse, ils permettent à travers chaque cas d'interroger le système judiciaire américain et de proposer une réflexion sur ce qui n'y fonctionne pas. Si je dois avouer que parfois, ces réflexions m'ont été difficilement accessibles, globalement la série a réussi à les faire comprendre et à les rendre intéressantes. Et s'il y en a une d'entre elles à retenir cette saison pour moi c'est celle de l'épisode 5 A Day in the Life, sur le droit d'un avocat de se retirer d'une affaire qu'il juge indéfendable. Kathy Bates y était particulièrement poignante en rebelle contre le système.
4. Les clients d'Harry's Law & Fine Shoes. Le gros plus de ces intrigues plus "procédurales", c'est l'importance qu'elles ont pour Harry ou Adam. Ce que je veux dire, c'est qu'on a pas l'impression qu'il s'agit à chaque fois pour eux d'une énième affaire lambda comme dans une mécanique de formula show bien huilée. Non, quel que soit l'affaire, le schéma de résolution n'est jamais le même et à chaque fois, on peut sentir les avocats vraiment s'investir dans leur travail et faire preuve d'humanité et compassion. Les meilleurs exemples restent notamment le cas du prisonnier réclamant sa libération ou du jeune garçon tentant de s'émanciper de son gang. Ce sont peut-être aussi les affaires où Harry s'est un peu trop impliqué, mais quelque part, c'est ce qui a aidé à rendre son personnage plus attachant.
6. La banlieue de Cincinnati, une zone sensible. Un décor original qui a été plutôt bien exploité, offrant des affaires de guerres de gangs, criminels, familles démunies... On est donc loin du glamour de certains law-shows mais la série évite en général le piège d'accumuler les clichés, ce qui rend le cadre et les intrigues que plus crédibles.
7. Le petit casting. C'est l'un des soucis majeur de la série. Avec ce nombre de personnages réduit, les possibilités étaient limités et il n'en a été que plus difficile de mettre en place un vrai esprit de groupe convivial. Surtout que l'alchimie entre Nathan Corddry, Kathy Bates, Brittany Snow et Aml Ameen est de mon point de vue pas franchement terrible.
9. Les rôles récurrents. La bonne idée de la série a été de placer l'essentiel de ces rôles dans le milieu juridique, ce qui lui a assuré une certain cohérence. On retrouve donc à plusieurs reprises les procureurs Katherine (Tracie Thomas) ou Kim (excellente Camryn Manheim), la juge Coulis (Amy Aquino), l'ex-copine avocate d'Adam ou les drôles d'avocats que sont Tommy Jefferson (Christopher McDonald) et Josh Peyton (Paul McCrane), tout au long de cette première saison. En outre, ces personnage ont aussi aidé à élargir le casting et contribué au développement de l'univers de la série tant leurs participations ont été régulières.
En conclusion, Harry's Law s'affirme comme une très bonne série judiciaire, intelligente et humaine. Elle reste perfectible néanmoins avec sa gestion des personnages laborieuse. A l'avenir, elle ferait mieux aussi de ne pas trop s'aventurer sur le terrain du sentimental qui ne lui réussit pas vraiment. Heureusement, malgré ses faux-pas, elle peut toujours se reposer sur l'interprétation mesurée et classe d'une Kathy Bates en forme, ainsi qu'une bonne maîtrise des intrigues judiciaires, toujours très prenantes.