Dans un avenir lointain, l’espace est une autoroute comme les autres et les vaisseaux sont devenus ordinaires. Cependant, les hommes ne peuvent pas braver les distances sans subir quelques désagréments. Parmi ceux-ci, la « contraction Fitzgerald » semble la plus vicieuse. Le temps ne s’écoule pas de la même façon sur un vaisseau et pour ses habitants, que sur Terre. Quelques mois dans l’espace se traduisent en années. Ce prix est-il définitif ? Une autre vie est-elle possible ? Alan le pense, comme Cavour avant lui...
La lecture de ce roman de Robert Silverberg s’inscrit dans le cadre du défi estival Summer Star Wars V, organisé par Lhisbei.
Au temps pour l’espace a bientôt trente ans [pour le lectorat francophone. Les anglo saxons peuvent profiter de ce roman depuis la fin des années 50]. Eh bien, il ne les fait pas. Les thèmes abordés sont
intemporels, l’écriture déjà assurée ; déjà Robert Silverberg évite quelques écueils de la facilité. L’ensemble est plutôt homogène, quoiqu’un peu rapide. Mais bref, tout en faisant preuve d’originalité, le roman parvient à injecter des thèmes Space Opera avec une grande cohérence. Pensez donc, tout en se déroulant essentiellement sur Terre, l’espace et les vaisseaux sont tellement présents qu’ils semblent toujours avoir été là.Alan est un jeune Spatio : l’un de ces navigateurs de l’espace. Il est le fils du commandant Donnell, et le frère jumeau de Steve. Or, ce dernier, las de la vie dans l’espace, a préféré déserter le vaisseau lors de l’une de ses escales sur une Terre surpeuplée et dystopique. Alan rêve de deux choses : retrouver son frère au gré d’un passage sur Terre, et découvrir si les travaux contestés de Cavour valent quelque chose. Le scientifique est supposé avoir mis au point un système de propulsion annulant la Contraction Fitzgerald. Une journée dans l’espace équivaudrait alors à une journée terrienne. Bien sûr, une telle découverte changerait la vie des Spatios parqués dans des ghettos lors de leurs retours sporadiques sur Terre. Elle éviterait aussi les désirs d’ailleurs des passagers des vaisseaux comme ce fut le cas pour Steve. Pour ce faire, sortir de l’Enclave et explorer la ville semble la clef. D’abord adolescent naïf, il deviendra peu à peu plus mûr au contact notamment de Hawkes, « autonome » terrien qui a volé à son secours lors d’une altercation entre Alan et les forces de l’ordre. Son séjour terrien sera instructif sur bien des points. Ceci dit, les bons points côtoieront aussi d’autres plus sinistres, a fortiori lorsqu’on ne les devine pas immédiatement.
Dans ce roman, Robert Silverberg place les vaisseaux (1) et surtout les problèmes que leurs usages posent (2). Malgré la longue quête terrienne, la résolution de ces soucis est au centre de son intrigue (3). Les planètes extra-terrestres sont bien présentes (I). Leur existence est notamment marquée par quelques créatures intelligentes pour le moins atypiques (II). Pour autant, on ne peut pas dire qu’elles donnent lieu à des explorations très significatives.
Il s’agit donc d’un Space Opera à part entière à mes yeux. Mais il est aussi quelque part roman d’apprentissage. Plus largement, l’auteur nous livre une réflexion sur le temps qui passe, sur ces petites choses à portée de main qui paraissent soudainement si lointaines lorsqu’on ne les saisit pas de suite. Certaines décisions qui paraissent anodines se révèlent terriblement lourdes de conséquence. L’intrigue est rythmée, tout en laissant de l’air au lecteur. Certes, les événements s’enchainent bien vite. On aurait aimé un peu plus de description, ou de détails parfois. Cependant, contrairement à L’homme dans le labyrinthe que j’ai chroniqué ailleurs, on n’a pas cette impression de bouclage en quatrième vitesse. Le roman est cours. Il prend l’essentiel. Et c’est très bien comme ça.
Note :
Space Opera :
Planet Opera :