La famille Rothschild est connue pour son implication dans le monde de la finance depuis plusieurs siècles mais aussi pour son goût pour l’art et sa philanthropie. Histoire d’une famille peu banale à la réussite extraordinaire.
La famille Rothschild trouve ses origines en Allemagne, où Mayer Amschel Rothschild, fondateur de la dynastie, est né en 1744. Il fut connu pour avoir transformé le commerce de prêts sur gages de son père en banque mais aussi pour avoir géré la fortune de Guillaume Ier, électeur d’une grande région allemande. Les cinq fils du patriarche fondèrent par la suite les filiales de la banque familiale à Londres, Paris, Vienne, Naples et Francfort dont résultent les branches nationales de la famille. Les branches de Vienne, Naples et Francfort ont cependant disparu aujourd’hui laissant seules les branches britannique et française. En 1822 les cinq frères de la célèbre dynastie furent élevés au rang de barons par l’empereur d’Autriche François 1er. La pérennité des activités bancaires et leur contrôle furent assurés au cours des siècles par des mariages entre les différentes branches de la famille.
Si la banque fondatrice du pouvoir de la famille est allemande, la banque créée par Salomon Mayer Rothschild, un des cinq fils de Mayer Amschel Rothschild, n’est pas des moindres. Fondée dans les années 1820, la Creditanstalt gagna rapidement en notoriété jusqu’à devenir la plus grande banque autrichienne avant la crise de 1929.
Du côté de la branche britannique Nathan Mayer Rothschild fonda au début du XIXème siècle la banque londonienne et aurait fait fortune par la suite le 20 juin 1815 selon la légende puisqu’il aurait accompli un « coup de bourse » remarquable. Celui-ci se serait rendu à la Bourse de Londres pour y vendre tous ses titres après avoir été informé en avance de la défaite de Napoléon à Waterloo. Il laissa les détenteurs de titres boursiers penser que le Royaume-Uni avait perdu la bataille et vendre, eux aussi rapidement tous leurs titres. Suite à la chute vertigineuse des titres Nathan Mayer Rothschild en racheta la plupart. Il assit de cette manière la fortune familiale au Royaume-Uni et fit de sa banque une des plus importantes banques de l’empire britannique.
La banque française fut, elle, fondée par James de Rothschild à la même époque Rue Laffite à Paris. Néanmoins la reconnaissance de la branche française de la famille est bien plus le fait d’Edmond de Rothschild qui créa ce qui deviendra plus tard le groupe La Compagnie Financière Rothschild dont le cœur de métier est la banque privée et l’asset management.
Le pouvoir de la famille Rothschild n’est donc plus à prouver depuis le XIXème siècle. C’est pour cette raison que la dynastie a progressivement étendu ses activités vers la prise de participation dans les économies respectives de leur pays. Ainsi le fils de Nathan Mayer Rothschild, Lionel de Rothschild, finança le gouvernement britannique pour son investissement dans le canal de Suez et la Rothschild Bank finança un des investisseurs dans le projet de la British South Africa Company. Par ailleurs ce dernier et l’ensemble de la branche française de la famille devinrent au cours du XIXème siècle d’importants actionnaires dans l’exploitation minière et le développement du rail dans leurs pays respectifs. En outre James de Rothschild soutint l’effort de guerre en 1870.
L’œuvre des Rothschild est aussi philanthropique, tournée vers la culture et l’art de vivre. En effet le fondateur de la branche de Paris s’est démarqué par sa passion pour l’art, les chevaux mais aussi et surtout pour le vin. Il acquit ce qui deviendra plus tard le Château Lafite Rothschild et accueillit un de ses neveux, Nathaniel de Rothschild de la branche de Londres qui, lui, acquit en 1853 le Château Brane Mouton, un cru bordelais de Pauillac des plus renommés au monde, aujourd’hui plus connu sous le nom de Château Mouton Rothschild. James de Rothschild est loin d’être le seul philanthrope de la famille : les branches de Vienne et de Paris collectionnèrent de nombreuses œuvres d’arts jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. Celles-ci furent respectivement volées par les nazis et confisquées par le régime de Vichy puis restituées aux familles récemment par les gouvernements français et autrichien afin de « rendre à César ce qui est à César »
M.F.