Livre chroniqué pour La Cause Littéraire.
Ticket d’entrée, roman de Joseph Macé-Scaron, aux Editions Grasset, 332 pages, 19€.
Joseph Macé-Scaron a plusieurs cordes à son arc. Il est essayiste, romancier et journaliste, actuellement directeur du Magazine Littéraire et directeur adjoint à Marianne. Ticket d’entrée est son troisième roman, pour lequel il a reçu le 8 juin dernier le Prix de La Coupole.Benjamin Strada habite à Paris, à la fin des années Chirac, et donc avant l’élection de Sarkozy. Il est journaliste au quotidien Le Gaulois. Par ailleurs il est aussi ce que l’on appelle un « bobo-gay », ce qui sous-entend qu’il fréquente quotidiennement le Marais, et essentiellement ses bars gays. Un soir, Benjamin rentre chez lui, et il n’y trouve plus aucune trace d’Ugo son compagnon, qui est alors à présent son ex. Benjamin rencontre plusieurs autres hommes avec des caractères plus ou moins particuliers. Il a une vie convenable, il n’est ni heureux, ni malheureux. Jusqu’au jour où il va devenir directeur de rédaction au Gaulois magazine.Ticket d’entrée est une satire de la France actuelle. Joseph Macé-Scaron nous expose une France qui divague, et qui ne s’améliore pas. Et également un monde parallèle qui se déroule dans le Marais, où tous les bobos-gays de Paris, ou presque, sont réunis. C’est un roman satirique où l’humour est présent et où l’on apprécie ce parallèle entre deux mondes totalement opposés que sont Le Gaulois, journal de droite, et le Marais, réunion de tous les parisiens gays. Le style est moderne, évidemment, mais j’ai trouvé, contrairement à d’autres auteurs de cette « nouvelle génération », que le vocabulaire était d’autant plus riche. Toute ambigüité entre l’auteur et le narrateur est sans doute volontaire. Les noms sont modifiés. Dans les interviews qu’il donne, Joseph Macé-Scaron ne le cache pas. Ce côté parallèle entre l’auteur et le narrateur, Joseph Macé-Scaron et Benjamin Strada, rappelle le roman 99 Francs de Frédéric Beigbeder, où ce dernier et le narrateur, Octave Parango, étaient également étrangement proches, tant sur la vie privée que sur la vie professionnelle.« Ni bruit, ni fureur, juste raconter une fable dite par un idiot. » sont les derniers mots de Benjamin Strada dans ce Ticket d’entrée. C’est une fable, effectivement, mais dite par un idiot pas si idiot que ça.