Au moment de quitter le Bromo, les enfants sont en forme… rien ne saurait indiquer qu’ils se sont réveillés si tôt!
En descendant, les troncs d’arbres attirent notre regard. Je pense au caoutchouc mais cela n’a rien à voir: la sève des arbres est récoltée pour être utilisée comme combustible de lampes.
Autre curiosité: ce deux roues en bois, conçu pour faciliter le transport des récoltes en l’absence de matériel motorisé.
A l’arrière de la voiture, ça se calme rapidement… les effets du Bromo commencent à se faire sentir!!
Il faut dire qu’en plus de la fatigue, les routes nous bercent… enfin, presque un peu trop par moment!
Petite pause déjeuner à Pasir Putih, on peut se dégourdir un peu les jambes (beaucoup de kilomètres… ou plutôt de temps de route, car la vitesse n’est pas vraiment au rendez vous…) et profiter de ce que l’agence n’a pas hésité à appeler un bateau à fond de verre!
Je vous laisse regarder à quoi ressemble le ‘fond de verre’
Mais bon, c’est un pause relaxante (limite assommante avec le soleil et la chaleur du midi), l’embarcation a son charme… et surtout je crains qu’il n’y ait pas grand chose à voir sous l’eau de toute façon…
Après quelques heures de route (nous sommes à une trentaine de kilomètres seulement de Bali, à l’extrême est de Java), le paysage tant attendu apparait devant nos yeux: des plantations de café à perte de vue occupant la caldeira du Kendeng, et au loin le Mont Merapi (à ne pas confondre avec le très actif volcan Merapi situé au centre de Java) sur la gauche. C’est sur son flanc qu’est adossé le Kawah Ijen, but de notre expédition.
Notre hôtel est encore plus rudimentaire que celui du Bromo. Là aussi, nous nous y attendions mais c’est vraiment pire: propreté plus que douteuse, odeur de naphtaline, draps rêches… Bref, le grand luxe
Perdus au milieu de la plantation de café, les activités sont limitées et le choix du restaurant pour le diner réduit à celui de l’hôtel!
Nous faisons un tour dans le jardin: les voisins sont sympas…
Petit tour également dans la plantation:
Les petites maisons et les potagers sont charmants:
Les couleurs du couchant sont magnifiques, que ce soit sur le massif volcanique…
… ou sur les champs avoisinants:
Après une nouvelle nuit écourtée, à la fois par les conditions d’hébergement et le lever matinal – 5h cette fois, nous nous apprêtons à partir à la rencontre du Kawah Ijen. Les conditions semblent optimales cette fois.
Après une heure de voiture, nous commençons l’ascension. Il est 7h, nous avons le ventre vide et la première partie de la promenade est assez raide:
Mais contrairement aux apparences, nous voyageons léger
Ce qui n’est pas le cas des gens que nous croisons:
Le Kawah Ijen a été rendu célèbre en France via un reportage de Nicolas Hulot il y a quelques années et une étape de Pékin Express il y a deux ans (je n’ai vu ni l’un ni l’autre!). Les paysages que nous allons découvrir n’en sont pas l’unique raison… Les mineurs chargés de soufre – entre 80 et 120kg – en sont une autre! Chacun d’entre eux fait généralement 3 voyages par jour, chaque trajet mesurant 4 kilomètres… Mais nous reparlerons un peu plus loin de leurs terribles conditions de travail.
En attendant, nous atteignons le site où les mineurs dorment. Il nous reste 3km et 500m de dénivelé avant d’atteindre notre destination.
Les conditions de vie sont à l’image des conditions de travail:
Les derniers mètres sont embrumés, c’est d’autant plus joli
Mais au détour d’un virage cela devient lunaire…
… puis extraordinaire!
Nous surplombons le lac le plus acide du monde – pH de 0,2 environ!! 600m de large et 200m de profondeur, c’est tout simplement magnifique
Vous avez bien lu plus haut, l’accès au cratère est interdit… mais notre guide nous le propose (sans les enfants bien sûr!)… alors nous cédons à la tentation et y descendons à tour de rôle.
Et on comprend très vite pourquoi la descente est interdite: l’air est saturé de gaz acide et hautement toxique. Il nous faut protéger yeux et gorge et malgré cela la respiration devient haletante.
Le meilleur moyen de comprendre ce qu’endurent ces mineurs tous les jours… A 40 centimes d’euro le kilo de soufre, ils explosent le revenu moyen indonésien, mais à quel prix? Leur espérance de vie ne dépasse guère la quarantaine d’années…
Le soufre s’accumule sur les rivages du lac, là où les dégagements gazeux se produisent.
Pour accélérer et faciliter sa formation, les mineurs concentrent les émanations dans des tuyaux en fer. Le gaz y devient liquide et forme des mares rouges sur le sol. Le liquide cristallise ensuite et prend cette jolie couleur jaune. Il ne reste plus qu’à briser les blocs pour les transporter en dehors du cratère…
Un enfer… paradisiaque…
La descente était déjà éprouvante, alors la montée!! Encore une fois, une bonne façon d’imaginer ce qu’est le quotidien de ces mineurs…