Mt 19, 27-29 Alors Pierre prit la parole et dit à Jésus : « Voilà que nous avons tout quitté pour te suivre : alors, qu'est-ce qu'il y aura pour nous ? »Jésus leur déclara : « Amen, je vous le dis : quand viendra le monde nouveau, et que le Fils de l'homme siégera sur son trône de gloire, vous qui m'avez suivi, vous siégerez vous-mêmes sur douze trônes pour juger les douze tribus d'lsraël.
Et tout homme qui aura quitté à cause de mon nom des maisons, des frères, des soeurs, un père, une mère, des enfants, ou une terre, recevra beaucoup plus, et il aura en héritage la vie éternelle.
En voilà encore un bout d’Evangile qui énerve ! Que ce soit il y a 2000 ans ou aujourd’hui on pourrait dire la même chose : t’es bien gentil Jésus, mais tout larguer pour te suivre, ça me rapporte quoi ? Parce que finalement, il y a 2000 ans, lâcher son métier de pêcheur ou de publicain (collecteur d’impôts) pour suivre Jésus, comme aujourd’hui lâcher une carrière, c’est renoncer à de la monnaie sonnante et trébuchante, c’est renoncer à un toit confortable, parfois renoncer à une famille.
A priori on pourrait même penser que ce texte s’adresse aujourd’hui plus aux moines et moniales qu’à des personnes comme vous et moi qui « faisons » nos heures au boulot et enchaînons les jours et les semaines pour remplir notre compte en banque pour payer le loyer, les crédits, manger et peut-être un jour envisager une retraite.
Soyons clairs aussi, personnellement gagner « la vie éternelle » en lâchant tout pour suivre Jésus, c’est pas mon trip. A priori. Parce que c’est pas la vie éternelle future promise qui, au jour le jour, va me mettre un toit sur la tête et du pain dans l’assiette. Et si j’avais été apôtre de Jésus, j’aurai probablement éclater de rire en me voyant promettre de siéger sur un trône pour juger les tribus d’Israël.
Alors je pourrais tout larguer là et m’énerver parce qu’après tout, pourquoi ceux qui larguent tout pour suivre Jésus auraient-ils plus droit à la vie éternelle que moi ? Ma petite vie de croyante aurait-elle moins de valeur pour Dieu que quelqu’un qui lâche sa carrière et sa famille ? Et puisque l’on est dans des considérations mercantiles, poussons le raisonnement jusqu’au bout : une vie apostolique (vous, moi qui travaillons) et croyante, vaut-elle plus ou moins qu’une vie de moine non croyant ? Qu’est ce qui est le plus « rémunérateur » ? De tout larguer, ou de croire ?
Et si on se plantait sur toute la ligne ? Et si justement par ce questionnement de Pierre, Jésus nous emmenait dans des considérations non mercantiles ? Je ne crois pas que l’on puisse avoir la foi et l’entretenir pour gagner quelque chose. On ne se sacrifie pas pour gagner des points pour le paradis. Par contre il y a bien une promesse. Une promesse de quelque chose de différent de ce qui touche à notre quotidien. Quelque chose qui le transcende. Quelque chose qui ne se quantifie pas en nombre d’enfants, en blasons, en richesse, en notoriété. Suivre Jésus ce n’est pas tout larguer comme quand on rentre dans le loft de « secret story » pour en ressortir avec plus d’argent ou de notoriété.
C’est peut-être juste embrasser un peu de l’Amour et de la Paix de Dieu….