Préfacée par José Bové, cette BD est un reportage sur un Groupement Agricole d'Exploitation en Commun (GAEC). Composé de trois associés, ce groupement à la particularité de produire du lait bio dont sa fabrication diffère un peu de l'agriculture traditionnelle, avec un cahier des charges plus strict. Au final, il n'est pas beaucoup plus difficile de produire bio (convertir terre en bio, c'est a dire pas d'utilisation durant deux, éviter le plus possible le recours aux antibiotiques...), excepter quand des menaces extérieures pèse sur l'exploitation. Lors de ce reportage, une autoroute traversant et coupant l'exploitation s'est construite. Les parcelles de terrain jouxtant cette nouvelle route devaient être à nouveau converties en bio à cause des différents produits et métaux utilisés pour construire l'autoroute. Alors durant deux ans supplémentaires, ces terres ne pouvaient pas être utilisées. Les bienfaits d'une exploitation bio se situent essentiellement au niveau de la santé de l'exploitant (pas d'épandage de pesticides) et à l'environnement.
Ces trois agriculteurs en GAEC font partie de la confédération paysanne, un syndicat agricole minoritaire qui milite pour une agriculture à taille humaine et non productiviste. En France, la FNSEA est largement majoritaire. Ce syndicat fonctionne comme un lobby pour les grands industriels de l'agriculture, très éloigné des petits producteurs. Depuis le 16 décembre 2010, Xavier Beulin en est le président. Cet homme d'affaires est à la tête du fonds d’investissement Sofiprotéol, établissement financier des oléoprotéagineux (colza, tournesol, soja) et propriétaire, entre autres, de Lesieur. Elle est impliquée dans les OGM, la sélection génétique animale et végétale. La FNSEA est aujourd'hui plus préoccupée au rendement financier qu'aux bien-être des agriculteurs.
Cette autoroute ne pose pas problème à cette seule exploitation, mais aussi aux habitants des villages qu'elle traverse. Bruit, destruction du paysage et de l'écosystème, aberration dans son tracé, des riverains ont monté un collectif contre sa construction. Ils suspectent les exploitations et les gens influents d'avoir permis un tracé illogique. Ils évoquent également la nationale qui aurait pu être transformée en autoroute. Mais la compagnie des Autoroutes du Sud de la France (appartenant aujourd'hui à 100 % au groupe Vinci) n'aurait pu construire une autoroute à péage et donc faire du profit. L'État quant à lui se dédouanait en invoquant le manque d'argent dans les caisses. Pourtant, ils ont largement subventionné ASF pour la construction de l'autoroute.
Davodeau va aussi évoquer le cas d'un couple qui venait à peine de reconstruire une vieille ferme pour y vivre, quand le tracé de l'autoroute a été révélé passant juste devant chez eux. Après avoir tenté de le contester, il se résigne à la vendre. ASF a acheté la maison à 60 % de sa valeur, établie par différents notaires.
Ce reportage a été réalisé en 2000, à une époque où l'agriculture biologique n'était pas très répandue (elle ne l'est toujours pas aujourd'hui) et avait ses clichés notamment au niveau du taux de production. Aujourd'hui, la tendance est à consommer bio. Le nombre de surfaces agricoles utiles consacré à l'agriculture bio augmente constamment depuis les années 80 avec une accélération ces dernières années.
Un portrait d'une zone rural qui lutte contre le rendement et la productivité.