C'est peu dire que l'exposition sur les images gravées du bouddhisme qui se tient dans l'annexe du musée autour de la collection du grand érudit Bernard Frank tranche sur celle consacrée à Lucknow.
Le propos s'adresse plus aux savants et professeurs au Collège de France qu'au grand public et, malgré de louables efforts pour rendre la chose moins austère grâce à une scénographie simple et de bon goût, il faut beaucoup d'abnégation pour tenter de comprendre tous les avatars et figurations du Bouddha, des boddhissatvas et autres créatures du Panthéon nippon, inspiré de l'Inde et de la Chine mais rapidement mis au goût de l'archipel. Ces représentations montrent toutes la distance et le peu d'aménité que les dieux ont pour les hommes. On ne rigole pas devant ce Bishômon prêt à vous transpercer de sa lance et même les déités bienveillantes paraissent distantes et énigmatiques.
Voilà donc un singulier sujet de méditation : comment et pourquoi le monothéisme en vigueur à Lucknow put s'accommoder de la diversité religieuse et culturelle extrême de l'Inde alors que le polythéisme nippon réduisait tout à une expression figée et austère, comment et pourquoi une civilisation de la jouissance assumée naquit du rigorisme musulman alors que la tolérance bouddhique accoucha d'un climat glaçant ?