« Je vois parfois des choses si belles que je me réjouis de ne pas les posséder. » (p.45)
« J'attends d'un poème qu'il me tranche la gorge et me ressuscite. » (p.59)
« L'absolu a éclaté sur le carrelage dans un bruit de vaisselle précieuse. De toute façon on ne s'en servait jamais. » (p.67)
« Lire, c'est ajouter au livre, découvrir, en s'y penchant, son propre visage dans la fontaine de papier blanc. » (p.76)
« Chaque fois que de l'angoisse arrive, je la mets dans une valise que je glisse sous mon lit. De temps en temps je tire la valise, je la mets sur le lit, je l'ouvre : elle ne contient rien, ou bien un lumineux petit arbre fruitier. » (p.84)
« Quand le peintre japonais Hokusai meurt en 1849 il a, par ses dessins, rendu la vie dix mille fois plus vivante qu'elle n'était avant lui. Sans doute est-ce là le travail que chacun doit accomplir par sa vie : frotter la pièce d'or mise dans notre main à notre naissance, afin qu'elle brille dix mille fois plus quand la mort nous la volera. » (p92)
Nul besoin d'en rajouter après ces quelques passages glanés dans Un assassin blanc comme neige, dernière parution de Christian Bobin chez Gallimard. Peut-être juste cette explication de l'auteur lui-même sur son livre, une très belle justification d'écriture...
Christian Bobin - Un assassin blanc comme neige par Librairie_Mollat