Le CESR face au changement climatique et à la perte de la diversité

Publié le 11 juillet 2011 par Lagela

Le 20 octobre 2010, le Conseil Économique, Social et Environnemental Régional (CESER) Midi-Pyrénées  a rendu un avis sur la prise en compte régionale des défis liés au changement climatique et à la perte de biodiversité. Élaboré dans le cadre de la contribution à l’élaboration du Schéma Régional du Climat, de l’Air et de l’Énergie (SRCAE) et du Schéma Régional de Cohérence Écologique (SRCE), le rapport souligne l’importance de conserver l’intégrité des milieux, à la fois pour des raisons environnementales mais aussi économiques.

Ses  conclusions  pourront s’interpréter à l’aune du projet qui nous occupe : la création d’une station de ski entre le tunnel de Bielsa et Piau-Engaly.

« La montagne pyrénéenne

Née du rapprochement des plaques tectoniques européenne et ibérique, la chaîne des Pyrénées offre des reliefs de très grande allure. Des glaciers de l’ère quaternaire ont façonné des vallées sauvages dominées par des sommets de renom (Pic du Vignemale 3298, Pic Long 3292 m, Pic de Néouvielle 3091 m., Mont Valier 2 838 m).

Différentes logiques organisent les milieux montagnards ; l’altitude, la pente, l’exposition, le gel, la neige et les activités humaines font de la montagne un milieu exceptionnel constamment remanié.
Le taux d’endémisme y est remarquablement élevé, et la région Midi- Pyrénées détient une forte responsabilité conservatoire vis-à-vis de nombreuses plantes et animaux qu’on ne rencontre que dans les Pyrénées.

C’est le cas des trois espèces de Lézards des Pyrénées (seuls reptiles d’Europe strictement montagnards), endémiques pyrénéens stricts, de l’Euprocte des Pyrénées, du Desman mais aussi, s’agissant des végétaux, de la Ramonde des Pyrénées, unique représentante en France métropolitaine de l’espèce tropicale des Geshériacées qui vit dans les crevasses ombragées des rochers jusqu’à 1800 m.

Ramondia fine fleur des Pyrénées - Photo Philippe Villette

D’autres espèces particulièrement menacées en France, bénéficient de plans nationaux de restauration, comme l’Ours des Pyrénées ou le Gypaète barbu.
Grâce à un plan de restauration dans les Pyrénées et en Corse, et un plan de réintroduction dans les Alpes, cet immense planeur, quasiment disparu de France et de toute l’Europe au début du XX ème siècle, évolue à nouveau dans ces massifs montagneux, mais son évolution démographique reste lente et périlleuse. (faiblesse de la disponibilité en nourriture, sensibilité aux dérangements tels que sports de plein air, chasse photographique…).

Gypaète barbu - Photo Daniel Guilly

Outre ces espèces à haute valeur patrimoniale, le massif pyrénéen abrite une flore et une faune riche et diversifiée issue principalement de pratiques traditionnelles.
La persistance des activités agro-pastorales, ont ainsi contribué à faire de la montagne un conservatoire exceptionnel
.
Mais la faune sauvage est depuis quelques années à une période critique de son évolution, décisive pour sa survie.

Sa sauvegarde ne pourra se faire que par une politique cohérente et efficace en matière de protection de la biodiversité, par le maintien du pastoralisme afin d’éviter l’enfrichement et l’érosion des sols, par une exploitation forestière intégrant la protection des milieux naturels et le respect des paysages et par l’application des décisions et réglementations prises en matière de fermeture des routes et pistes forestières.

Le tourisme et les loisirs

A côté de la valorisation traditionnelle, agricole et forestière, de la nature, se développent de nouvelles activités de tourisme et de loisirs de pleine nature qui exploitent également cette dernière sans l’entretenir spécifiquement. Les secteurs sud Massif Central et Pyrénées présentent des caractéristiques et une qualité environnementales particulièrement propices au développement de ces activités. Ils en sont d’autant plus exposés.

Une valorisation touristique et/ou ludique non adaptée peut générer d’importantes menaces qui constituent un risque pour les habitats et les espèces, mais aussi des perturbations pour l’activité agricole ou forestière. A contrario, cette valorisation économique des espaces naturels et de la biodiversité peut aussi être un levier pour justifier la préservation du cadre naturel du territoire, considéré comme un capital. Il est donc nécessaire d’envisager comment ces nouvelles pratiques peuvent intégrer au mieux des préoccupations relatives au respect de l’environnement.

Préserver les ressources naturelles qui fondent les activités touristiques

Pourquoi ?
Comme toutes les industries, le tourisme a un impact sur l’environnement. Grand consommateur de ressources naturelles telles que le sol, l’eau, le pétrole mais aussi la nourriture, il génère en outre des quantités importantes de déchets et de rejets atmosphériques.
Le tourisme a pourtant tout intérêt à maintenir la qualité de l’environnement et à préserver les ressources naturelles locales puisqu’elles constituent pour lui une ressource essentielle ; d’une certaine manière son fonds de commerce.

Randonnée en vallée de la Gela - Photo Denis Soleil

Comment ?

Pour ne pas « casser la poule aux oeufs d’or » que représentent les ressources naturelles pour le tourisme régional en général, les acteurs du tourisme et des loisirs doivent d’abord veiller à limiter les dégradations dont leurs activités sont directement responsables.

Le CESER appelle ainsi à un renforcement des partenariats entre collectivités, fédérations sportives et professionnels du tourisme pour adapter les pratiques de sport de plein air (escalade, canyoning, VTT…) dans le sens d’une meilleure préservation des milieux naturels et de la biodiversité. Indépendamment de la question des transports, déjà évoquée, l’accès aux sites les plus fragiles demande par ailleurs d’être plus précisément maitrisé par des mesures règlementaires ou pratiques (contingentement, gestion du stationnement, …).

Cela étant, avec le changement climatique en cours, le rapport du tourisme aux ressources naturelles est susceptible de connaître à l’avenir d’importantes évolutions qu’il conviendrait d’ores et déjà de cerner au mieux. La relation du tourisme à l’eau est par exemple une question cruciale à prendre en compte dès maintenant. Pour ce faire, le CESER propose en particulier la réalisation d’un état des lieux de la vulnérabilité des stations de montagne au manque de neige. Ce devrait être là un axe majeur du travail de l’observatoire pyrénéen du changement climatique, dont le CESER salue au passage la récente création. »

Consulter la totalité de l’avis du Conseil Economique, Social et Environnemental Midi-Pyrénées

Merci à Sylvain Rondi de nous avoir signalé ce document