Grand affabulateur, troubadour de la pampa, artiste singulier et libre... Les hommages affluent en Amérique latine, à la suite de la mort tragique du chanteur argentin Facundo Cabral, assassiné le 9 juillet au Guatemala. Il laisse derrière lui un immense patrimoine musical, tandis que l'Amérique latine pleure la disparition de ce grand artiste.
Les autorités du Guatemala ont indiqué que le convoi dans lequel voyageait le chanteur Facundo Cabral avait été la cible d'une embuscade planifiée, a rapporté RFI. Selon le président du Guatemala, pays où le taux de criminalité est l'un des plus élevés d'Amérique latine, la cible de l'attaque était l'impresario du chanteur, qui conduisait la voiture. Un autre véhicule dans lequel avaient pris place les gardes du corps de l'artiste a reçu environ 25 balles, mais personne n'a été blessé. Une mort violente pour un homme distingué en 1996 par l'Unesco de Messager mondial de la paix...
C'est avec la chanson No soy de qui ni soy de alla (Je ne suis ni d'ici, ni d'ailleurs) dans les années 1970 qu'a explosé la popularité de Facundo Cabral. Nomade qui disait avoir visité 150 pays, il se décrivait comme un homme sans frontières, d'après les dires d'un autre chanteur argentin, Jairo.
"C'était l'un de ces types irrévérencieux qui font des choses que tu as toujours rêvé de faire, mais que tu ne feras jamais," a résumé Tarrago Ros, une des figures du chamamé, musique traditionnelle d'Argentine.
Homme de paix, il n'est pas né sous les meilleurs auspices dans la province de Buenos Aires, avec l'abandon par son père de sa mère et de ses cinq frères et soeurs. Cela ne l'empêche pas d'entrer déjà dans l'histoire à 9 ans, quand il arrive à aller parler au président Juan Peron et son épouse Eva, pour demander du travail. Un geste inconscient mais qui porte ses fruits. Bien plus tard, en 1976, poursuivi par la dictature militaire, il s'exile au Mexique où il continue de se produire. Par ailleurs, il a écrit une dizaine de livres dont un recueil d'entretien avec l'écrivain argentin Jorge Luis Borges.
La mort, Facundo Cabral l'avait envisagée, mais à sa façon, comme "un espace magique", ajoute Tarrago Ros. Il ne voulait pas qu'on le pleure quand il songeait à cette éventualité : "Pleurer, parce que quelqu'un est mort, c'est manquer de respect pour la vie." Il ne pourra cependant pas contenir les larmes de l'Amérique latine et de tous les amateurs de sa musique.