Durant ce week-end long et un peu trop arrosé (promesse d’ivrogne, j’arrête de boire), j'ai été témoin d'une scène tout autant absurde que révélatrice de l'état général de cet Ayiti cheri. Vendredi matin sur la route nationale no 1 en allant vers la côte des Arcadins, un barrage improvisé (gros cailloux ou bouts de branches) ferme une des voies. Deux casques bleus nous incitent à ralentir probablement pour mieux voir l'horreur de la scène. Le corps d'un homme complètement désarticulé git sur le sol. Le gars est probablement tombé de l'un de ces autobus qui font PAP-Cap-Haïtien à une vitesse que ni la mécanique ni les freins ne permettent. Sur le choc, on se disait que les casques bleus allaient assurer la suite avant l'arrivée de la PNH. Optimisme, quand tu nous tiens... Quelques heures plus tard, on a quitté la côte en destination de la maison (un gros nuage gris et sa pluie sont venus nous couper du soleil) pour revoir le même barrage improvisé, le même corps désarticulé gisant sur la route, mais plus de casques bleus. On a ralenti (qu’est-ce qu’on aurait pu faire !?) pour voir au loin une ambulance arrivée sur les lieux. En fonction de nos observations, le corps est donc resté sur la route au moins quatre heures sous une surveillance partielle des casques bleus, et une surveillance nulle de la PNH. Je pensais à ces vierges offensées haïtiennes (les haïtiens sont très bons pour jouer les vierges offensées) qui s'énervent dans toute la grandiloquence qu'on leur connaît, d'un manque d'égard (plus ou moins juste) à leur personne, à leur nation, ... Je pensais à ce sénateur bien connu qui cette semaine à la radio s'inquiétait de la dégradation des esprits depuis l’installation de la nouvelle présidence. On manifesterait un manque de respect flagrant pour l'honorabilité de la fonction de sénateur ou de député, fonctions définies par une constitution issue du sang des hommes de ce pays qui ont arraché la liberté aux ennemis de la nation ou aux dictateurs sanguinaires, ces pères de la première nation noire du monde, cette première démocratie issue des lumières. On devait respect aux descendants de ces grands hommes. Solennel, les trémolos dans la gorge, il rappelait que ces parlementaires, ces hommes et ces femmes qui forment le gouvernement national, méritent le respect dû à leur fonction à leur rôle dans la nation. Que personne n’était autorisé à entacher le blanc tissus de leur engagement pour le peuple ayisien. Dans le silence qui a suivi le passage devant cet humain déshumanisé, je pensais à l'honorabilité de sa fonction de sénateur, au respect des institutions nationales, de cette constitution presque sacrée (qui n'est en fait à peu près pas respectée). Les mots dans la bouche de ce politicien qui exigeait un respect ‘naturel’ attribué à sa fonction, puaient surement davantage que le corps qui se décomposait sur ce bitume chauffé par un 35oc caribéen. Il y avait dans cette image quelque chose de tellement révélateur du néant qui existe entre la hauteur du discours haïtien, et la bassesse du traitement qu’on propose réellement à sa population.
Durant ce week-end long et un peu trop arrosé (promesse d’ivrogne, j’arrête de boire), j'ai été témoin d'une scène tout autant absurde que révélatrice de l'état général de cet Ayiti cheri. Vendredi matin sur la route nationale no 1 en allant vers la côte des Arcadins, un barrage improvisé (gros cailloux ou bouts de branches) ferme une des voies. Deux casques bleus nous incitent à ralentir probablement pour mieux voir l'horreur de la scène. Le corps d'un homme complètement désarticulé git sur le sol. Le gars est probablement tombé de l'un de ces autobus qui font PAP-Cap-Haïtien à une vitesse que ni la mécanique ni les freins ne permettent. Sur le choc, on se disait que les casques bleus allaient assurer la suite avant l'arrivée de la PNH. Optimisme, quand tu nous tiens... Quelques heures plus tard, on a quitté la côte en destination de la maison (un gros nuage gris et sa pluie sont venus nous couper du soleil) pour revoir le même barrage improvisé, le même corps désarticulé gisant sur la route, mais plus de casques bleus. On a ralenti (qu’est-ce qu’on aurait pu faire !?) pour voir au loin une ambulance arrivée sur les lieux. En fonction de nos observations, le corps est donc resté sur la route au moins quatre heures sous une surveillance partielle des casques bleus, et une surveillance nulle de la PNH. Je pensais à ces vierges offensées haïtiennes (les haïtiens sont très bons pour jouer les vierges offensées) qui s'énervent dans toute la grandiloquence qu'on leur connaît, d'un manque d'égard (plus ou moins juste) à leur personne, à leur nation, ... Je pensais à ce sénateur bien connu qui cette semaine à la radio s'inquiétait de la dégradation des esprits depuis l’installation de la nouvelle présidence. On manifesterait un manque de respect flagrant pour l'honorabilité de la fonction de sénateur ou de député, fonctions définies par une constitution issue du sang des hommes de ce pays qui ont arraché la liberté aux ennemis de la nation ou aux dictateurs sanguinaires, ces pères de la première nation noire du monde, cette première démocratie issue des lumières. On devait respect aux descendants de ces grands hommes. Solennel, les trémolos dans la gorge, il rappelait que ces parlementaires, ces hommes et ces femmes qui forment le gouvernement national, méritent le respect dû à leur fonction à leur rôle dans la nation. Que personne n’était autorisé à entacher le blanc tissus de leur engagement pour le peuple ayisien. Dans le silence qui a suivi le passage devant cet humain déshumanisé, je pensais à l'honorabilité de sa fonction de sénateur, au respect des institutions nationales, de cette constitution presque sacrée (qui n'est en fait à peu près pas respectée). Les mots dans la bouche de ce politicien qui exigeait un respect ‘naturel’ attribué à sa fonction, puaient surement davantage que le corps qui se décomposait sur ce bitume chauffé par un 35oc caribéen. Il y avait dans cette image quelque chose de tellement révélateur du néant qui existe entre la hauteur du discours haïtien, et la bassesse du traitement qu’on propose réellement à sa population.