Par Emmanuel Derville, à Islamabad.
Publié sur le site de 24 heures et de la Tribune de Genève
Il est environ 15 h, (midi heure suisse) vendredi lorsque David Och, 31 ans, et Daniela Widmer, 28 ans, roulent dans leur camping-car Volkswagen en direction de Quetta, la capitale de la province du Balouchistan, dans l’Ouest du pays. Les deux touristes sont arrivés dans la région vendredi matin, après avoir séjourné dans la province voisine du Penjab. Leur véhicule porte une plaque d’immatriculation du canton de Berne. Le couple semblait projeter de rentrer en Suisse par la route en passant par l’Iran. Quelques jours plus tôt, ils avaient séjourné en Inde puis passé la frontière pakistanaise à Wagah le 28 juin.
A leur arrivée au Balouchistan, ils tombent sur un barrage de policiers qui préviennent leurs collègues du district voisin. David et Daniela sont alors escortés durant leur trajet. Les gangs criminels sont nombreux dans cette région.
Les campagnes hors de contrôle
Mais, au Balouchistan, la police ne contrôle que les villes. En dehors des agglomérations, ce sont des milices tribales qui sont chargées du maintien de l’ordre. « Ils sont entrés dans ma juridiction à 13h50 », explique Ghulam Ali Lashari, le chef de la police du district de Loralai qui ajoute : « mes hommes les ont escortés jusqu’à la sortie de la ville de Loralai. Les milices auraient dû prendre le relais mais elles ne l’ont pas fait. » Pourquoi ? Impossible à dire pour l’instant. La police et les milices tribales se rejettent la responsabilité de l’enlèvement.
Quelques instants plus tard, les deux voyageurs sont interceptés par trois hommes armés à bord d’un 4×4 Toyota noir et enlevés sous les yeux des passants en quelques secondes. D’après les témoins, David Och et Daniela Widmer n’ont pas résisté.
Aucune revendication
L’enlèvement n’a pas été revendiqué. La province du Balouchistan est en proie à des violences entre l’armée et des groupes indépendantistes baloutches depuis des décennies. Mais de source locale, on assure que ces mouvements ne sont pas actifs dans cette partie de la province. «C’est une région peuplée par l’ethnie pachtoune», assure Sohail Ur Rehman, l’un des responsables du district de Loralai.
Les autorités suisses ont pris contact avec les autorités pakistanaises qui ont ordonné à la police, aux milices tribales et aux para-militaires des Frontier Corps d’entamer les recherches. Elles craignent entre autres que les deux Suisses soient revendus à des talibans puis emmenés dans les zones tribales, une région semi-autonome à la frontière afghane qui échappent au contrôle de l’Etat.
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