Si en P1 vous n'avez que dix jours de vacances durant l'année, vous vous rattrapez l'été car l'année se termine mi mai pour reprendre mi septembre...
Et quand vous êtes entre deux P1, les dernières semaines vous semblent longues: vous avez hâte de commencer pour que ce soit fini plus vite...
Ayant tiré des leçon de l’échec du premier round, je me suis mis au travail dès le premier jour, en prenant mes quartiers au premier étage de la bibliothèque de Beaubourg... Hop, c'est parti pour bosser jusque janvier 7j/7, avec pour seule récréation un épisode de Dr House chaque semaine...
Plongé au milieu de personnes qui bossent du droit, des maths ou de la gestion, vous savez que vous ne tomberez pas sur quelqu'un de votre fac, ce qui rappellerait tout de suite "tu n'est pas le seul à bosser, et on veut tous la même place...".
En plus elle ferme à 22h, est ouverte le week end, et est plus lumineuse que la monacale mais soporifique BNF ou BSG...
Le premier cours de l'année était assez mémorable: avec la Réforme, un gros bout du programme de l'an dernier a été compressé dans le premier semestre pour laisser de la place pour de nouvelles matières, et la biophysique s'est retrouvé enseignée au premier semestre.
Et justement, pour un primant qui vient assister à son tout premier cours à la fac, la biophysique peut paraître assez choquante... C'est une manière comme une autre de rentrer dans le bain...
Et même si les résultats des concours blancs du tutorat étaient encourageants, le stress se faisait vraiment sentir. Je n'ai jamais été stressé pour des examens, même le bac j'étais relativement serein, sans parler du premier passage en P1. Mais là, vous savez que c’est votre dernière chance, que si vous ratez vous vous retrouvez éjecté du circuit sans espoir d'y revenir plus tard...
C'est là que j'ai commencé à regretter de ne pas avoir plus bossé l'an passé...
J'avais de la chance de n'avoir que 30min de trajet en métro le matin, et donc je m'étais fixé le rituel du lever à 6h30, du pressage d'oranges, et j’émergeais doucement en arrivant à la fac à 8h...
Autre résolution: ne pas lire ses cours dans le métro. Je m'étais rendu compte que cette technique faisait que l'on lisait le cours assez bien pour le connaître et en avoir marre de le lire pour la 12ème fois, mais pas assez pour saisir les détails. Or ce sont les détails qui sont importants aux QCM...
Les QCM, parlons en tiens... Devant le nombre de candidats avec la Réforme, la fac a renoncé aux questions rédactionnelles et tout est passé en qcm a lecture optique.
En tant que doublant, on n'avait plus aucune annale de valide car jamais la chimie ou la physique n'avait été évaluée par QCM... Sans parler des tribulations de la commission de docimologie qui à deux mois du concours ne savait pas encore nous dire si la physique serait du QCU, QCM, avec des points négatifs ou non...
Je crois qu'on ne peut pas trouver plus idiot comme méthode d'évaluation: la physique, qui était rédactionnelle, proposait des énoncés vagues et valorisait les raisonnements originaux, même si au final il y avait une erreur dans le résultat numérique. Avec le QCM vous avez le choix entre 5 valeurs et puis c'est tout. Et bien sûr, calculatrice interdite et vous avez 2h pour un sujet de 30 questions...
Pour ceux qui connaissent, le plus drôle était la chimie organique et ses mécanismes en QCM...
Pour les autres, imaginez que l'on vous montre une armoire Ikéa, 5 notices, et vous devez dire laquelle permet de monter l'armoire, sachant que la différence entre chaque relève du diamètre de la cheville n°21 page 5....
Et comme on est trop, tout le monde passe le concours au parc des expos à Villepinte: un grand hangar, 3095 tables alignées au cordeau.
Bien sûr, vous n'avez pas le droit à une grille optique de secours en cas de souci, pas le droit au blanco ni au stylo plume effaçable. Et il n'y a pas de ligne de secours sur les grilles de Descartes... Autant dire qu'au stress d l'épreuve, vous rajoutez celui du remplissage de la grille sans décaler les réponses etc.
Réponse de la scolarité "Vous aurez des grilles avec des lignes de secours l'an prochain"...Elle blague la madame hein? Non, même pas....
Enfin bon, le premier semestre est passé, et enfin on peut souffler pendant quelques jours de vacances mi janvier...
Et le résultat du premier semestre tombe: 237ème. Je remercie la gravité qui a empêché que je ne m'envole trop haut...
Mais tout a coup me viennent en tête toutes ces histoires de doublants classés au premier semestre et qui se font déclasser au second... Il s'agit de ne rien lâcher!
Le second semestre semble long: Même routine à Beaubourg, même panini/steak frites à la cafet chaque jour, mais les matières sont nouvelles, majoritairement du par cœur, qui se contredit parfois (un régal en QCM encore une fois...). Bref, je ne suis pas dans mon élément. Notamment un changement majeur de la Réforme: les sciences humaines ont été raccourcies pour laisser de la place à la santé publique. En gros, vous apprenez bêtement des centaines de diapos détaillant chaque institution du système de santé jusqu'au nombre d'employés tout en sachant qu'en plein scandale Médiator, tout ça n'existera plus l'an prochain...
Finalement, retour à Villepinte, avec les mêmes conditions qui témoignent bien du respect témoigné par la scola vis à vis du travail fourni par les premières années... Et personnellement sentiment mitigé à la sortie...
Malgré les QCM automatique, une épreuve terminée le 20 mai ne donne ses résultats que le 1er juillet (le tutorat fait par des deuxièmes années bénévoles mettait une semaine). Autant dire que tous les jours on pense à la même chose...
Finalement, le résultat tombe: 170ème. Envol stratosphérique.