Leonardo, le football manager

Le grand Leonardo n’a pas encore posé ses valises à Paris. Et pour cause : il a demandé aux propriétaires qataris un « délai de réflexion ».

Quand des dirigeants besogneux suent à longueur d’année pour faire jouer leurs tâcherons devant des stades champêtres à moitié vides, et ne se sauvent de la descente qu’à la dernière journée (suivez mon regard vers Auxerre, Nice, Caen ou Valenciennes), d’autres ne fréquentent que les hautes sphères prestigieuses et friquées. Leonardo a connu le Milan AC, a posé quelques temps ses valises à l’Inter puis, alléché par les valises de billets qataris et le prestige des soirées parisiennes, s’apprête à rejoindre la Ville Lumière.

Qu’a donc fait Leonardo ? Il a joué aux émissaires internationaux dans le glorieux Milan AC de Berlusconi des années 2000. Puis il a brièvement conduit de belles Ferraris construites et réglées par d’autres : le Milan AC d’Ancelotti en 2009-2010, puis l’Inter de Milan de Mourinho l’année suivante. Suffisant pour définitivement appartenir au cercle très fermé des grands entraîneurs, ceux qu’on ne risque pas de voir un jour cirer le banc du FC Sochaux ou du RC Strasbourg.

Vite lassé de cette expérience d’entraîneur, Leonardo décide donc de quitter Milan, et de se tailler un rôle à la hauteur de son talent et de ses envies. Pas un poste d’entraîneur, non, trop fatiguant et trop risqué. Président ? Il faut régler des questions de contrats, de sécurité dans le stade, de lourds dossiers administratifs, d’assommantes relations avec les partenaires… Non, plutôt un rôle de manager général… oui, et puis avec les pleins pouvoirs sur les transferts et surtout aucune autorité hiérarchique.

Voilà, le poste idéal : gérer la belle enveloppe des transferts (150 millions), faire le tour du monde pour faire son marché, se charger de la tactique sur le terrain (4-4-2, 4-3-3 ou 4-2-3-1 ?), et donner de longues interviews dans la presse spécialisée. Evidemment ne rendre de comptes qu’aux propriétaires qataris. Laisser à Leproux le rôle sans éclat de gestionnaire administratif. Kombouaré peut bien faire des tours de terrain avec les joueurs, c’est lui qui prendra quand l’équipe perdra.

Le foot finalement, c’est aussi simple qu’une partie de Football Manager.