“Si elle parvient à tuer ces rumeurs, elle montrera son pouvoir, son influence, sinon, cela sera pire.” Mry penseur politique du XXIe siècle
La frénésie pathologique qui touche le régime et ses séïdes se vautrant dans la calomnie démontre que la démocratie est aussi ignominieuse. Parce que pour le potentat, ses affidés, petits et grands, il y a beaucoup à perdre à un changement dans l’année 2012. Une preuve supplémentaire, pour ceux qui en douteraient, que l’oligarchie de droite, et l’oligarchie de gauche, même qualifiées du même vocable, sont quelque peu différentes. M. Aubry se retrouve étrangement sous les feux croisés des experts, journalistes et communicants qui ont tout à gagner à délégitimer la candidate. Un travail de sape qui au-delà du caractère putassier des méthodes montre les limites de la démocratie élective. “Mauvais système, mais le moins pire de tous” comme on se plaît à le dire. Qui néanmoins comporte sa part d’écoeurement.
La légitimité de l’élection présidentielle se construit bien en amont du climax électoral du scrutin, cette légitimation légalo-rationnelle. On peut même considérer depuis l’avènement du marketing politique, discipline totalitaire, qui a permi au “dire” de supplanter le “faire”, que le moment électoral n’est que le point d’orgue de ce que l’on peut appeler la légitimité charismatique. Ce qui compte c’est le momentum.
En l’occurrence, gagner la première phase consiste à la fois à bichonner son propre champion, mais aussi à salir l’image de l’adversaire. N. Sarkozy futur candidat conservateur en 2012, malgré un quinquennat stérile en terme de légitimité populaire (équité et liberté) s’attache à se construire un avatar paternaliste actif. En ce sens la presse people, comme une partie des médias mainstream jouent (même de façon inconsciente) ce jeu de polissage.
Dans le jeu de massacre médiatique, M. Aubry une semaine après l’annonce de sa candidature se retrouve pataugeante dans les miasmes de la rumeur. Y toucher sans en avoir l’air. C’est comme cela qu’elle se répand. Et dans ce cadre, la communication de droite s’attelle à détruire la légitimité charismatique d’un candidat potentiel.
Après l’édification de la figure moyenne -mâle à niaque, bon père de famille et fidèle, sain de corps, portant les valeurs nationales- on tente de rapprocher son champion de ce coeur de cible. Inutile de faire un dessin à l’électeur sur le joggeur futur père de famille, un tantinet porté sur les valeurs…
De façon diamétralement opposée, une lesbienne, alcoolique, dont le mari s’évertue à plaider pour des filles voilées, et qui de surcroît se présente à la fonction suprême comme on va au gibet…
Le marketing politique finalement c’est simple. Voire rudimentaire. Et c’est à ce type de détails que l’on mesure l’estime portée aux citoyens (par ceux qui les intoxiquent).
La démocratie athénienne dans sa grande imperfection avait mis en place le tirage au sort, ce qui pour J. Rancière permet de sortir de l’illusion du candidat né pour exercer. De s’affranchir des paraboles héroïques de l’homme providentiel. Que le marketing politique réactive faute de prise réelle sur les faits du monde.
Le plus triste dans cet étalage de poncifs marketoïdes réside dans la collection de valeurs archaïques déblatérée dans la plus totale décontraction. Tous ces jeunes hommes bien coiffés, bath’, dans le vent, véhiculent in fine un modèle social ranci. En creux : une lesbienne ne pourrait devenir présidente. Un ancien alcoolique serait d’emblée éliminé. Une physionomie « mafflue » ne siérait pas à l’esthétique présidentielle.
La démocratie se nourrit des oracles marketoïdes drappés dans l’illusion de la sagesse car ils aiguillent le troupeau. Marketoïdes au banc d’essai politique qui réalisent des coups en vue de l’échéance finale. Efficients dans le placement de la sniper alley du Spectacle politique post sarkozyste. Et dont on a pas fini d’entendre les échos.
Vogelsong – 10 juillet 2011 – Le Square