Les vacances commencent tôt pour Nicolas Sarkozy

Publié le 10 juillet 2011 par Juan
C'est la loi du genre. Certains sujets captent l'attention plus que d'autres. En Sarkofrance, ces dernières semaines, l'affaire DSK a épuisé les commentateurs. On avait cru que les récents coups de théâtre du feuilleton new-yorkais avaient gêné le plan de communication du Monarque. En fait, ils ont surtout permis de masquer l'évènement marquant du mois :
Sarkozy est déjà en vacances. 
Officiellement, il ne part qu'à la fin du mois. Le dernier conseil des ministres est prévu pour le 1er août. A chaque déplacement de terrain, il nous explique qu'il bosse dur, qu'il a autre chose à faire que de commenter les sales affaires de Dominique Strauss-Kahn. En fait, son congé paternité a déjà commencé.
Vendredi 1er juillet, il était parti rejoindre Carla Bruni-Sarkozy, qui a « pris ses quartiers » au Fort de Brégançon. En août, elle ira trois semaines dans sa propriété du Cap Nègre. Les paparazzi étaient là pour photographier le couple présidentiel se baigner. Carla affichait sa « grossesse épanouie ». Et l'on répéta qu'elle attendait un garçon. La naissance est prévue pour les primaires socialistes. Tout juste notre monarque avait-il du s'afficher quelques heures durant, le samedi, au mariage princier de Monaco. Entre grandeurs, on se doit quelques politesses.
Jeudi 7 juillet vers 16h heures, Nicolas Sarkozy avait terminé sa journée officielle. Sa visite dans le Finistère n'avait pas intéressé grand monde. Aucun rendez-vous ne lui avait été calé ce lendemain. Son agenda est même vide jusqu'à mardi 12 juillet.
La semaine prochaine, il fera également le Pont du 14 juillet. Après les traditionnels défilés et garden party à l'Elysée, il n'a rien de prévu avant le 18 juillet. Pour Sarkozy, les vacances commencent tôt, très tôt. Faisons le décompte : sur les trois premières semaines de juillet, notre « Président de la France qui se lève tôt » se sera pointé ... 7 jours au boulot (et en comptant le mariage de Monaco !). Quel effort !
Sarkozy veut rester discret
Comme il est absent et silencieux, il est contraint de laisser d'autres s'exprimer. Et parfois, ça l'agace. Ses lieutenants, choisis ou auto-proclamés, font souvent trop de zèle. Mardi dernier, au traditionnel « petit-déjeuner de la majorité », ce rendez-vous politique hebdomadaire du clan présidentiel à l'Elysée où notre monarque cale les « éléments de langage » de la semaine, Sarkozy s'est « agacé » à plusieurs reprises. Il n'a pas apprécié les propositions de suppression de la durée légale du travail des libéraux Novelli et Copé. Il s'est énervé contre celles et ceux qui lui prêtent déjà un programme alors qu'il fait semblant de ne pas être candidat mais toujours président au travail : « Quand vous faites des propositions, ne parlez pas en mon nom ! Ne dites pas : “En 2012, Nicolas Sarkozy fera ceci ou fera cela !”»
Sarkozy est peut-être en vacances, il ne fut pas avare en conseils à l'égard de ses ministres. « Cet été, ne partez pas trop loin. Quand on est ministre, on l'est du 1er janvier au 31 décembre.» Prenez exemple sur lui, un vol en Falcon, et hop ! De retour en quelques minutes à l'Elysée ! « Un ministre ne prend jamais de vacances. Il a seulement le droit de se reposer
Surtout, pas de polémiques !
Sarkozy aimerait qu'aucune polémique ruineuse n'handicape sa rentrée. Cela fait des mois qu'il se re-présidentialise. Ce n'est pas le moment de flancher ! On ne sait ce que l'actualité politique lui réservera. En matière judiciaire, les « petites » affaires, si elles restent nombreuses, sont bien maîtrisées.
Christine Lagarde a obtenu un sursis, puisque la Cour de Justice de la république a reporté sa décision d'enquêter sur son rôle dans l'affaire Tapie au 4 août prochain.
L'instruction sur les rétrocommissions dans l'affaire de Karachi progresse très lentement. L'extension du secret défense l'an passé porte enfin ses fruits. Ces derniers jours, cependant, deux nouvelles informations sont venues contredire la défense sarkozyenne. Primo, les juges sont allés perquisitionner le domicile d'un ancien collaborateur du Monarque. Chef-adjoint de cabinet quand Sarkozy était ministre du budget sous Balladur, l'homme était aussi un ami proche de l'un des deux intermédiaires des ventes de sous-marins au Pakistan en 1995. Secundo, Pierre Mongin, aujourd'hui président de la RATP, anciens chef de cabinet d'Édouard Balladur à Matignon, a confirmé que la vingtaine de millions de francs en espèces identifiées dans le financement de la campagne de Balladur en 1995 ne provenaient pas des fonds spéciaux. Et il sait de quoi il parle, puisqu'il gérait les dits fonds spéciaux...
Les fuites sont rares dans l'instruction relative à Eric Woerth. Tout juste a-t-on appris, cette semaine qu'il s'était sacrément intéressé à l'hippodrome de Compiègne quand il était ministre. Accusé l'an dernier d'avoir bradé le terrain à la Société des courses de Compiègne en mars 2010. D'après le Canard Enchaîné, il s'y est au contraire intéressé de très près. Le contenu de plusieurs documents saisis par les policiers publiés par l'hebdomadaire était éloquent. Malgré plusieurs courriers d'alerte ou négatifs contre la vente du terrain, adressé au cabinet de Woerth (dont certains évaluant l'hippodrome entre 11 et 25 millions d'euros), le dit terrain fut cédé par le ministre ... pour 2,5 millions d'euros. Quelle affaire !