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La dernière piste de Kelly Reichardt

Par Catherine93

L'un des plus beaux films de cette année 2011, même si elle est loin d'être terminée! Un film âpre, austère et à la réalisation magnifique. La photographie est superbe et nous a beaucoup émue car il y a une vraie recherche esthétique, une intelligence de la mise en scène. On dit le genre du western moribond. Quelques sursauts tentent de le pérenniser et là, la tentative est réussie.

La dernière piste raconte l'histoire de trois familles modestes et pieuses qui, en 1845, partent vers l'Ouest américain dans le but de trouver de meilleures conditions de vie économiques. Le film les saisit dans l'Oregon. Elles ont confié leur sort, leur destinée à un trappeur particulièrement bavard, Stephen Meek, qui finit par les fourvoyer. Se pose alors la question de leur survie dans ces terres arides et immenses où il semblerait qu'il n'y ait pas âme qui vive. La dureté de cette conquête, sa dangerosité due aussi bien à l'hostilité de la nature qu'aux menaces indiennes sont suggérées par le silence, l'observation des protagonistes car la caméra observe la traversée pénible des fleuves, les longues marches éreintantes qui entament les chaussures, les pieds, le moral. La crasse, la saleté s'incrustent de partout. Au début du film, ce qui frappe, c'est la quasi absence de dialogues. Nous sommes vraiment loin des westerns épiques, étourdissants et qui ont participé à l'imagerie légendaire d'une Amérique conquérante, invincible, d'une Amérique mythique. Un homme, un Indien Païute, apparaît alors comme le seul espoir. Il déclenche immédiatement l'hostilité de Meek qui veut l'abattre. Sa réaction est celle de l'homme blanc sûr de son bon droit, méprisant à l'égard de l'Autre qu'il considère comme inférieur alors qu'il vit sur ces terres depuis des siècles. L'Indien parle une langue inconnue, observe des rites inconnus. Deux mondes irréconciliables se côtoient mais nécessité faisant office de loi dans cet univers désolé, ils vont devoir se supporter malgré les provocations incessantes de Meek. Une femme charitable va aider à cela même si elle est éprouvée. par cet inconnu aux moeurs étranges. 

Un sacré bon moment de cinéma comme on en vit rarement.


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